Après le Conseil de sécurité de l'Onu et l'envoyé spécial de Ban Ki-moon en Libye, Martin Kobler, c'est au tour des pays membres de l'Union européenne, à leur tête la France, de brandir les menaces de sanctions individuelles contre les responsables politiques libyens qui retardent la mise en place d'un gouvernement d'union. Réunis à Munich, samedi et hier, plusieurs pays ont consacré une réunion à part à la question libyenne, dans le cadre du sommet organisé autour de la menace terroriste de l'organisation autoproclamée Etat islamique en Irak et en Syrie. À peine nommé à la tête de la diplomatie française, en remplacement de Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, a déclaré, avec fermeté, "qu' il n'y a plus de temps à perdre pour que ce gouvernement d'union nationale puisse prendre ses fonctions et s'installer à Tripoli en toute sécurité". L'ancien Premier ministre français a souligné que "ceux qui, à titre individuel, et il y en a, s'opposeront à ce processus (...) sont concernés par d'éventuelles sanctions. Sur ce point, les choses sont claires". La mise en place d'un gouvernement d'union en Libye est conditionnée par le vote d'approbation du Parlement reconnu de Tobrouk, qui avait rejeté la composante du premier Exécutif proposé par Faïz Serradj, le Premier ministre désigné, dans le cadre de l'accord onusien de Skhirat (Maroc). Le président du Parlement de Tobrouk, Akila Saleh, s'est d'ailleurs entretenu avec le chef de la diplomatie française à Munich, où il a également rencontré d'autres responsables politiques européens autour de la question du gouvernement d'union et la situation sécuritaire en Libye. Aucun détail n'a filtré sur ses discussions. L'implantation de Daech en Libye et son expansion fulgurante ces derniers mois, a convoqué les esprits qui ont pris conscience des dangers qui pèsent sur la stabilité de ses pays voisins mais aussi sur l'Europe. Le lien de ce mouvement terroriste avec l'aggravation du flux migratoire et des réfugiés qui déferlent depuis un an sur le Vieux Continent n'est pas étranger à cette prise de conscience collective des Européens, directement concernés par la plus grave crise de déplacés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les passeports retrouvés chez certains auteurs des attentats de Paris du 13 novembre (130 morts et 300 blessés) ont tiré, en effet, la sonnette d'alarme sur la présence, désormais vérifiée, d'éléments de Daech parmi les réfugiés, accueillis dans leur majorité par l'Allemagne. Ce qui, par ailleurs, a servi d'"argument" aux adeptes de la stigmatisation des réfugiés. Le Premier ministre français, Manuel Valls, a affirmé, samedi, dans un entretien accordé à un quotidien allemand, que d'autres attentats d'ampleur menacent l'Europe. "Nous devons cette vérité à nos peuples : il y aura d'autres attaques, des attaques d'ampleur, c'est une certitude. Cet hyper-terrorisme est là pour durer, même si nous devons le combattre avec la plus grande détermination", a déclaré Manuel Valls. L. M.