Surprenante initiative du Centre de recherche et d'études Bensaïd-Aït-Idder, qui convie le président sahraoui à participer du 8 au 10 avril prochain à Marrakech à une conférence internationale sur le Sahara occidental. Une invitation officielle a été adressée par le directeur de centre au secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, pour prendre part, à Marrakech, aux travaux de cette conférence qui traitera du différend territorial. L'information a été confirmée par le président du centre organisateur, Ahmed Slimani, à plusieurs médias marocains. "Une invitation par fax à Mohamed Abdelaziz, en sa qualité de secrétaire général du Front", a-t-il affirmé avant d'ajouter : "Nous avions opté pour le fax tout simplement parce que nous n'avons aucun contact direct avec le Polisario. Maintenant, c'est à la direction du Front de désigner les délégués qui la représenteront à la conférence." Ainsi, les organisateurs s'attendent à la participation de cadres du Front Polisario à cette conférence, à laquelle sont conviées notamment des personnalités de plusieurs continents, selon la même source. Cette dernière a indique que "des fax ont été adressés à des personnalités originaires des Etats-Unis, d'Europe, d'Amérique latine et d'Afrique". Par ailleurs, le centre prévoit, dans les prochains jours, un voyage en Tunisie puis en Mauritanie pour aller à la rencontre des politiques et des membres de la société civile et leur expliquer l'objectif de cet événement. Cette initiative laisse supposer que Rabat aurait changé de fusil d'épaule dans sa gestion du dossier. Après quarante années de blocage, le Maroc est-il en train de changer de stratégie dans la gestion du conflit du Sahara occidental ? Connaissant l'importance accordée par les hautes autorités marocaines à ce sujet, il est peu probable que cette institution ait lancé de son propre chef une telle démarche sans leur approbation. Il ne fait aucun doute que le Maroc, qui est dans une posture inconfortable après son incapacité à empêcher les visites dans la région de l'envoyé spécial onusien, Christopher Ross, et du secrétaire général de l'ONU, opte pour la diplomatie parallèle afin de sortir de l'impasse. D'ailleurs, la crédibilité dont jouit le centre de recherche et d'études Bensaïd Aït-Idder, dont le fondateur a accordé une interview à Liberté, le 9 février dernier, et qui est partenaire de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, constitue une opportunité à exploiter pour le Makhzen. Ce dernier, qui a tout fait pour que le Front Polisario soit classé comme "organisation terroriste", n'est certainement pas disposé à faire des concessions sur sa position jusqu'auboutiste sur cette question, d'où cette nouvelle parade. Reste à savoir maintenant quelle sera la réponse du patron du Front Polisario et président de la République sahraouie (RASD), à cette invitation, lui qui est pourtant considéré "persona non grata" au Maroc. Merzak Tigrine