Ils occupent des réduits classés IMR (immeuble menaçant ruine) par les services de la wilaya d'Alger, en raison de la vétusté et des dégâts du séisme de 2003. Que l'on ne se méprenne pas ! Diar El-Khedma n'est pas ce lieudit de l'arrière-pays, ni le nom d'une bourgade perdue dans l'immensité de l'Algérie profonde. Que nenni, puisqu'en dépit de son appellation à l'intonation bucolique, Diar El-Khedma est distante d'à peine une dizaine de kilomètres d'Alger-Centre et est édifiée au Gué de Constantine, dans la banlieue sud d'Alger. Certes, on parle si peu ou pas du tout de Diar El-Khedma, qui est isolée dans l'oubli. S'il en est une preuve, celle-ci est à chercher dans l'état de déliquescence que les autorités feignent d'ignorer. Pis, l'autorité de la wilaya d'Alger fait semblant de ne pas voir l'enfilade de baraques construites au pied d'immeubles de Diar El-Khedma. Situé à l'estuaire du taudis de Semmar et au-dessus d'une variété d'îlots d'habitations de l'hideuse cité de Aïn Naâdja, la cité des biens vacants de Diar El-Khedma fut construite en 1956 pour être livrée en 1958. Soit en même temps que Diar Echems (El-Madania) ainsi que d'autres cités dites d'urgence édifiées à la faveur de l'inavouable Plan de Constantine. Du reste, Diar El-Khedma symbolise le vestige d'une cité ouvrière conçue dans l'horrible type "évolutive" et de style colonial. À l'origine, l'optique était d'accueillir la main-d'œuvre qui résidait dans les bidonvilles qui entouraient la zone industrielle de Semmar. "En raison de sa vétusté et des dégâts qu'avait occasionné le séisme du 21 mai 2003, Diar El-Khedma a été classé IMR (immeuble menaçant ruine) par les services de la wilaya d'Alger. De ce fait, les habitants de Diar El-Khedma espèrent qu'ils seront relogés à leur tour et au même titre que les occupants de Diar Echems de l'ancien Clos-Salembier en cours de démolition. En effet, sachez que les anciens ouvriers de l'usine Cablaf, l'ancêtre de l'unité câblerie de la défunte Sonelec de Semmar, y habitent jusqu'au jour d'aujourd'hui aux côtés des ouvriers agricoles des anciens vignobles sur lesquels a été construite la zone d'habitat urbain nouvelle (Zhun) de Aïn Naâdja. Et puis le temps a passé et l'exiguïté et la promiscuité ont conduit à l'éclatement des familles, dont beaucoup ont été contraintes d'ériger des baraques à la périphérie de la cité pour y convoler en justes noces", a déclaré Ould Beziou Saïd, vice-président chargé de l'environnement auprès de la mairie de Gué de Constantine. En fait d'appartements, il s'agît plutôt de réduits qualifiés pompeusement de "F4" d'une surface de 48 m2 et de "F3" d'une superficie de 42 m2 (sic), conçus dans le genre d'un corridor où l'on trouve un "beit fi qalb el-beit" (une pièce dans l'autre) doté d'une salle d'eau, de waters et d'une minuscule cuisine de 4 m2 (resic). Outre cela, le danger qu'il y ait enlisement d'immeubles est probable. Pour l'exemple, le niveau du linteau des fenêtres du rez-de-chaussée est, à l'heure qu'il est, à ras du sol, en raison d'un probable affaissement du sol que l'on peut constater à l'œil nu. "L'enlisement a été causé par le tremblement de terre du 10 octobre 1980 d'El-Asnam", a-t-on su d'un résident. Et depuis, les poteaux montants sont fissurés et l'armature des poutrelles est apparente. Seule consolation, ce n'est qu'en 2009 que les cent logements de Diar El-Khedma furent raccordés au réseau du gaz naturel. Et depuis, les trois immeubles A, B, et C de Diar El-Khedma n'ont cessé de s'engluer dans l'indigence en matière de moyens d'accompagnement sociaux et la misère de l'insuffisance en matière d'ameublement urbain. Autre incommodité et pas des moindres, les murs de façade d'immeubles s'en trouvent affaiblis par l'âge, autrement décrépis, à telle enseigne que l'on aperçoit l'ossature métallique rouillée d'immeubles. Pis, le réservoir d'eau sur pilots édifié sur la terrasse de l'immeuble C s'en trouve tari à tout jamais. D'où l'inquiétude des résidents qui craignent le pire s'il venait à s'effondrer sur ses huit pieux tout autant rachitiques. "Le réservoir qui a tout l'air d'une guérite pour sentinelle était utilisé comme mirador par les services de sécurité durant l'horrible décennie noire", a conclu notre interlocuteur au terme d'une visite guidée à Diar El-Khedma. Ainsi se résume l'existence morose des habitants de Diar El-Khedma, qui ne comptent plus les opérations de relogement, sans qu'ils y soient associés. Une injustice ! Louhal N.