Le Conseil des ministres aura à écouter aujourd'hui un exposé du ministre de la Participation et de la Promotion de l'investissement. L'intervention de Temmar portera, nous dit-on, sur les 40 entreprises à privatiser, déjà avalisées par le Conseil des participations de l'Etat, et sur la stratégie de privatisation. Bouteflika donnera-t-il son quitus pour la mise en branle de l'opération de privatisation ? La question mérite d'être posée au regard de la position de l'UGTA. La Centrale syndicale a clairement affiché son rejet de la privatisation telle que proposée par Temmar. La rencontre entre le secrétaire général de l'UGTA et le ministre de la Participation qui s'est tenue dernièrement à l'hôtel El-Aurassi, pour rappel, avait tourné court. Les deux hommes divergeaient même sur l'état de santé du secteur public. Pour Temmar, la situation “est catastrophique”. Du coup, la privatisation est présentée comme étant “la seule alternative” pour sauver les entreprises d'une faillite économique et juridique et les emplois. L'UGTA ne partage pas cet avis. Chacun d'eux s'appuie sur ses propres chiffres, contradictoires bien entendu. Pour illustrer la gravité de la situation du secteur public, Temmar donne un endettement total de 1 202 milliards de dinars, soit 14 milliards de dollars. 242 entreprises publiques en voie de déstructuration. 167 complètement déstructurées. Pour mettre à niveau le secteur, il faut injecter 60 milliards de dollars. 8 milliards de dollars seulement pour l'effacement de la dette du secteur. Sidi Saïd conteste totalement ces chiffres alarmants énoncés par Temmar. Qui a tort et qui a raison ? En tout état de cause, entre les deux hommes, Sidi Saïd et Temmar, rien ne va plus. L'UGTA traitant le ministre proche de Bouteflika de “tricheur” s'en remet au Chef du gouvernement à qui elle demande une bipartite. Chaque jour, des communiqués des différentes fédérations de l'UGTA, rejetant le programme de privatisation, atterrissent au niveau des rédactions des journaux. Certaines fédérations suggèrent même l'idée d'une grève nationale au cas où le programme serait adopté en Conseil des ministres. Aujourd'hui, l'UGTA sera fixée sur le sort que Bouteflika réservera aux propositions de son ministre de la Participation et de la Promotion de l'investissement. Bouteflika qui, selon les dires, se prépare d'ores et déjà à sa succession, ira-t-il jusqu'à se mettre sur le dos la Centrale syndicale ? Pour rappel, les secteurs principalement touchés par la première tranche des privatisations sont surtout l'agroalimentaire, le textile et l'industrie plastique. La liste comprend 10 unités Giplait, l'Enasucre, les unités de textile comme Alfaditex, l'Enaditex d'Oran, Socothyd des Issers, les unités ENPC, les unités de liège de Jijel Taleza, l'unité de cuir de Rouiba Tamag. Temmar a par ailleurs opté pour la formule de “vente groupé”. M. R.