La France a réagi, hier, aux attentats terroristes de Bruxelles avec une grande célérité en renforçant son dispositif de sécurité. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a annoncé, en fin de matinée, des mesures de protection des populations et des édifices publics. Le gouvernement a, en effet, décidé de déployer 1 600 policiers et gendarmes supplémentaires aux frontières et dans les infrastructures de transport comme les gares et les aéroports, dont 400 en Île-de-France. Ce chiffre porte à 6 600 le nombre d'agents mobilisés depuis les attaques de Paris du 13 novembre 2015. Les frontières avec la Belgique font l'objet d'une surveillance accrue. Plus globalement, M. Cazeneuve a indiqué que 220 points d'entrée sur le territoire français sont contrôlés, dont 42 de manière permanente et systématique. La vigilance est particulièrement de mise dans les 36 aéroports du pays, avec une mention spéciale pour les sites d'Orly et de Roissy. Tous les vols en direction de Bruxelles ont été suspendus jusqu'à nouvel ordre. Les liaisons ferroviaires à bord du Thalys et de l'Eurostar sont également arrêtées. Des trains, qui devaient rallier la Belgique, ont dû rebrousser chemin. Dans les gares françaises, les patrouilles ont été renforcées, notamment à la gare du Nord, point de départ vers Bruxelles. L'accès aux zones de transport est lui aussi soumis à des restrictions. N'y sont autorisés que les usagers munis d'un titre de transport et/ou d'une carte d'identité. Le ministre de l'Intérieur a également annoncé la systématisation des palpations corporelles. Faisant le bilan des actions de contrôle depuis la mise en place du plan Sentinelle en novembre dernier, Bernard Cazeneuve a révélé que 10 000 individus ont été interdits d'entrée sur le territoire français sur six millions qui ont été soumis aux vérifications d'usage. Qualifiant la menace terroriste de très élevée, il a évoqué, il y a quelques semaines, six attentats déjoués depuis janvier 2015. Pour le moment, aucun lien n'est établi entre les attaques de Bruxelles et l'arrestation, vendredi dernier, dans la localité de Molenbeeck, de Salah Abdeslam, un des terroristes du 13 novembre à Paris. Il est néanmoins possible que le groupe auquel il appartient ait agi par désir de vengeance. Cette probabilité est prise très au sérieux par la France, qui craint des actions de représailles sur son propre territoire. Dans un discours prononcé à l'issue de la tenue d'un Conseil des ministres restreint, le président François Hollande a fait montre de sa solidarité et de sa compassion à l'égard des Belges, en affirmant que "c'est toute l'Europe qui est frappée". De son côté, le Premier ministre, Manuel Valls, a appelé à la mobilisation de tous les pays européens. "Nous subissons depuis plusieurs mois en Europe des actes de guerre. Il faut une mobilisation de tous les instants", a-t-il dit. S. L.-K.