Rebond Le gouverneur de la Banque d'Algérie a annoncé l'ouverture prochaine de bureaux de change officiels. Mais le terrain n'est pas toujours déblayé pour faciliter cette activité. En effet, la réglementation actuelle n'ouvre le droit à l'achat ou la vente de devises qu'aux personnes non résidentes en Algérie. La commission de change fixée à 1% n'encourage pas cette activité. Il faut donc une nouvelle réglementation plus attractive pour que ces points de vente officiels de devises puissent proliférer comme dans beaucoup de pays étrangers et fassent barrage à l'essor du marché parallèle de la devise. Quant aux observateurs de la place, ils appréhendent une lente mise en œuvre de cette mesure. Pour Mohamed Kessel, spécialiste financier, la décision d'ouverture de bureaux de change officiels risque de suivre le même cheminement que le mécanisme de change, à terme. Prévu par la réglementation de 2011, ce système n'est pas toujours mis en œuvre, alors qu'il s'avère un instrument au service des opérateurs permettant de mieux gérer les risques de change et donc d'éviter d'importantes pertes de change pour les entreprises. Pour le spécialiste, le problème de fond dans ce dossier est d'accroître l'offre en devises permettant à ces bureaux de change de fonctionner. Première mesure suggérée : l'obligation aux "missionnaires étrangers" et aux Algériens résidant à l'étranger d'échanger leurs devises dans les bureaux de change officiels. On peut également accroître cette offre en permettant à la communauté algérienne à l'étranger d'acquérir en devises des biens en Algérie (cession de terrains, logements, résidences...). Mais parmi les mesures les plus décisives à moyen terme, on peut citer la croissance des exportations hors hydrocarbures et l'augmentation des recettes touristiques par le développement d'une offre de qualité en direction des touristes étrangers et les nationaux résidant à l'étranger. Il s'agit également de laisser libres les taux de commissions en fonction de l'offre et de la demande pour rendre ce créneau attractif. Premier résultat des annonces du gouvernement : le marché parallèle de la devise est aujourd'hui ébranlé. L'euro s'échange à 160-170 DA contre près de 200 DA récemment. Les mesures de maîtrise du commerce extérieur, l'obligation de chèque dans les transactions commerciales, la domiciliation électronique, le système d'information permettant une meilleure lutte contre les surfacturations et le blanchiment d'argent semblent assécher les sources qui alimentent en grande partie le marché parallèle. Cet effort devra être poursuivi, et les annonces se transformer en actes si on veut éviter un rebond du marché parallèle de la devise qui va encore prospérer avec un euro risquant de dépasser la barre symbolique des 200 DA, si ces décisions sont des stricts effets d'annonce guère concrétisées sur le terrain. Par : K. Remouche [email protected] Lire le dossier