Résumé : Kamélia est une femme très cruelle. Son fils ne la comprenait pas. Sous l'emprise d'une terrible folie, elle s'ingéniait à détruire son foyer. L'enfant entendit sa mère l'appeler plusieurs fois. Jamais il ne rentrerait maintenant, certainement pas avant le retour de son père. Il n'avait pas déjeuné de la journée et ne ressentait aucune faim. Il commençait à s'inquiéter sérieusement, car il l'attendait depuis des heures. Il avait tellement peur qu'il ne revienne jamais. Il ne voulait pas retourner seul à la maison où sa mère hurlerait après lui avec son visage dur et sa bouche qui s'ouvrirait et se refermerait sur sa longue crise, et sa main qu'elle abattait sur son oreille, provoquant une douleur qui lui traverserait la tête. Rien qu'à ce souvenir, il avait mal à son oreille. Ce ne fut qu'en fin d'après midi qu'il vit son père revenir. Il descendit rapidement et s'en alla à sa rencontre. Mostafa marchait lentement, la tête penchée. Lorsqu'il vit son fils, il ouvrit ses bras et l'enfant courut se jeter contre sa poitrine. Comme il était heureux de le retrouver ! - Où étais-tu parti ? - Pas très loin d'ici. La porte d'entrée venait de s'ouvrir sur Kamélia. Les mains sur les hanches, elle regardait dans leur direction. Ils entrèrent dans la cuisine et elle les suivit en pestant. Mostafa s'assit au bout de la table. On aurait pu croire qu'ils venaient de se quitter, car elle recommença : - Alors te voilà ! J'espère que c'était bien... Tu devrais avoir honte de toi... Elle plissa les yeux, le fixa un instant avant d'éclater de rire : - Tiens donc, tu as pleuré ! Ta petite amie t'aurait peut-être plaqué ? Dans un geste de peur, Zaher se cacha derrière son père. Il sentit un tremblement le gagner lorsqu'elle ajouta : - Tu n'aurais pas versé une larme pour moi ! - Tais-toi ! - Qu'est-ce que tu as dit ? - J'ai dit : tais-toi ! Si tu ne le fais pas, tu verras ! - Si jamais tu lèves encore la main sur moi, tu le regretteras. - Si je lève cette fois la main sur toi, ce sera la fin ! Pendant la guerre, je me tenais caché, car je n'étais qu'un enfant, mais depuis que je te connais mes idées ont changé. Tu as compris ? Ne me force pas à te prouver que je suis un homme ! Pendant le silence qui suivit, Zaher vit pour la première fois la peur sur le visage de sa mère. Elle recula jusqu'au buffet où elle s'appuya. Son père qui s'était levé fit un pas vers elle, mais il enfonça ses ongles dans la paume de ses mains serrées, ce qui stoppa son élan. Zaher ferma les yeux comme pour ne pas voir la haine qui brillait dans leur regard. Il se rend dans sa chambre et prend son petit sac de voyage. Avant de partir, il recommande à Zaher de se tenir tranquille et de ne rien faire pour énerver sa mère. Dès son départ, elle se penche vers son fils et se met à l'interroger. - Dis, est-ce qu'il voit des femmes ? Je ne te ferai rien mon enfant !, dit Kamélia d'une voix calme avec de la dureté dans le regard. Dis-moi simplement la vérité... Je t'en prie ! - Il... Il ne voit personne maman. - Pourquoi me mens-tu encore ? - Ma... Maman, papa va dans la forêt et reste seul ! Il aime le silence. - Et puis quoi encore ?, cria Kamélia. Tiens, tiens ! Zaher reçut deux gifles. Il pleura longtemps. Quand elle le jeta dehors, il pleuvait. Zaher tremblait de froid, il ne portait qu'une chemise qui était maintenant mouillée. - Ouvre-moi maman ! J'ai froid !, dit-il en frappant doucement à la porte d'entrée. Je t'en prie ! - Fiche-moi la paix ! J'aime aussi le silence, rugit-elle de la cuisine. - Maman !, sanglota l'enfant. - Tant que tu couvriras ton père, je te laisserai dehors ! Que fait-il et qui voit-il ? Mais ne me dis pas qu'il reste à regarder les arbres calcinés par les feux de forêt, arbres morts ! - Mais c'est ce qu'il fait maman ! (À suivre) A. K.