À quelques jours de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Sahara occidental, Rabat a expulsé une délégation internationale composée de 8 juristes (5 Espagnols, 2 Français et 1 Belge), dans l'espoir d'effacer l'épisode de la grève de la faim (de 37 jours) des détenus politiques sahraouis de Gdeïm Izik qui revendiquaient le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et dénonçaient les atteintes aux droits humains. Arrivés le 6 avril dernier, les 8 juristes ont été expulsés le lendemain pour motif de "menaces graves et imminentes à la sûreté du Maroc". Selon le président de la Coordination européenne du soutien au peuple sahraoui, Pierre Galand, le Maroc poursuit "une politique d'isolation des Sahraouis, empêchant ceux-ci de faire connaître leurs légitimes revendications à l'autodétermination, à la liberté d'expression, à la protection des droits de l'homme et à des procès justes et équitables." M. Galand a rappelé qu'au regard du droit international et des résolutions de l'ONU, le Sahara occidental "n'est pas un territoire marocain." Pour l'Association française des amis de la RASD, les juristes expulsés représentent "un réel danger" pour l'Etat marocain et sa monarchie. Avant-hier, 2 juristes espagnols de la délégation, Fransisco Serrano et Juan Carlos Gomez Justo, ont déclaré à El Mundo leur détermination à continuer à défendre les droits des prisonniers politiques sahraouis. Ils se sont dits "indignés" par ce qu'ils ont vécu au Maroc : arrestation, confiscation de leurs passeports et téléphones portables, interrogatoires pendant plus de 4 heures, avant d'être renvoyés chez eux. Inscrit depuis les années 1960 sur la liste des "territoires non-autonomes", le Sahara occidental, dernière colonie en Afrique, est éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux. H. Ameyar