Résumé : Amar apprend à Houria que Ghania avait fait une forte fièvre dans la nuit. Son épouse lui reproche son alarmisme. Mais le jeune homme lui fera constater qu'elle ne s'occupait pas assez de sa fille depuis la naissance de Aïssa. Elle lui rétorque que la petite n'était pas aussi fragile qu'il le pensait. Houria secoue la tête. -Pas du tout. Ghania ne tombe pas facilement malade. Une fois ou deux, elle avait eu quelques bobos sans importance. Je l'ai quand même emmenée chez le médecin du dispensaire, et il n'a rien diagnostiqué de grave. Amar soupire : -En tous les cas, hier, j'ai eu une peur bleue. Elle faisait une forte fièvre et délirait. Je l'ai entendue gémir d'ici. Houria secoue la tête : -Lorsqu'il s'agit de tes enfants, tu es tout de suite en alerte. -Tu veux me voir danser devant leurs souffrances ? -Non. Mais je t'assure qu'il n'y a pas de quoi t'affoler. Tous les enfants de l'âge de Ghania sont fragiles et exposés à toutes sortes de maladies. Il faut bien qu'elle passe par là. -En tous les cas, il faut l'avoir à l'œil, je n'aimerais pas perdre encore ma seconde fille. Houria baisse les yeux. Le sous-entendu était clair. Il ne faut pas que Amar lui reproche encore sa légèreté. Elle lui tendit le petit Aïssa et court vers la pièce du fond. Meriem dormait paisiblement, mais Ghania avait les yeux ouverts et était agitée. Elle tentait de se relever de sa couche, mais sans succès. Houria la soulève et la repose sur ses pieds. Elle lui touche le front, puis passe une main sur son petit corps : -Ghania, tu as mal ? Tu sens une douleur dans ton corps ? La fillette lève des yeux fiévreux vers sa mère : - J'ai mal ici. Elle tendit la main vers le côté droit de son ventre puis vers le nombril. Houria relève sa chemise de nuit, lui touche le ventre, et constate qu'il était légèrement ballonné et chaud : -Je vais te préparer une tisane. Tu fais sûrement une indigestion ma fille. Elle sortit de la chambre, Ghania sur ses pas, et rejoint Amar, qui donnait le biberon à son fils : -Ghania souffre d'une petite indigestion. Je vais lui préparer une tisane de menthe fraîche qui la soulagera instantanément. Amar lance un regard inquiet vers sa fille, puis demande : -Tu es sûre que c'est une indigestion ? Ne ferait-on pas mieux de faire venir un médecin ? Houria secoue la tête. -Je ne vois absolument pas la nécessité de faire venir un médecin. Que pourra-t-elle avoir d'autre qu'une petite indigestion ? Hier au soir, elle se portait comme un charme. Elle avait joué et couru dans les champs avec Meriem, puis elles sont rentrées toutes les deux à l'heure du dîner. Le couscous était un peu gras. Ghania a mal au ventre. C'est ses intestins qui ont mal supporté la graisse animale. Amar dépose le biberon sur une petite table et relève son fils afin qu'il ne rejette pas son lait. Aïssa pousse un rôt et sourit. Ghania s'approche de lui. Elle était d'une pâleur qui n'augurait rien de bon. Amar passe une main dans ses cheveux : -Ghania ma fille, dis-moi où tu as exactement mal ? La fillette montre son ventre : -Ici. J'ai mal, j'ai mal. Amar regarde encore sa femme qui s'approchait avec la tisane de menthe. -Houria. Je crois que c'est plus sérieux qu'on le pense. On devrait faire venir un médecin, ou emmener tout de suite la petite à la polyclinique. Houria dépose la tasse fumante sur la table basse, puis s'assoit avant de prendre Ghania dans son giron : -Attends un peu Amar. Pourquoi es-tu si alarmiste ? Ghania va d'abord prendre cette tisane. Nous verrons ensuite ce qu'il y a lieu de faire. -Mais tu vois bien qu'elle souffre ! -C'est tout à fait normal. N'as-tu jamais eu une indigestion ? Amar se lève pour aller déposer le petit Aïssa qui s'était endormi dans ses bras, puis revient dans la grande salle : -Houria. J'ai un mauvais pressentiment. Habille rapidement la petite. Je l'emmène immédiatement à la polyclinique. -Tu exagères Amar. Attends Ghania, c'est encore chaud, poursuit-elle en revenant vers sa fille qui soufflait sur le breuvage bouillant. (À suivre) Y. H.