Résumé : Quelques semaines passent. Le cœur gros, Amar s'apprêtait à rentrer en France avec Meriem. Houria s'accroche à lui et le supplie de la prendre avec eux. Amar campe sur sa décision. Sa femme lui avait rendu la vie amère et il ne veut pas encore subir ses sarcasmes. Houria insiste : -Si. Tu peux m'emmener avec toi en France. Là-bas auprès de toi, je me sentirai moins seule. -Il n'en est pas question. Je ne peux plus supporter ton caractère de femme possessive. Tu m'as rendu la vie amère, et je n'ai plus le courage de vivre en me tenant sur mes gardes. -Je te jure que je ne vais pas refaire mes bêtises, si c'est de ça que tu veux parler. Je promets de me tenir très sage et de tout accepter de toi. Je t'en supplie Amar, ne m'abandonne pas. Je risque de devenir folle ici dans ce village. Tu vois bien que je n'ai pas encore surmonté mon affliction. Avec ton départ, je vais sombrer dans la démence. Amar la repousse. -N'insiste pas. J'ai décidé que tu resteras définitivement au village et tu resteras. Houria revient à la charge. -Que deviendra Meriem ? Elle aura besoin de moi. Elle va bientôt devenir femme et aura besoin de mon assistance. -Meriem ? Il secoue la tête : -N'est-ce pas toi qui l'avait accusée de tous les maux ? Tu as été jusqu'à l'accabler de ce qui arrivait à Ghania. -J'étais aveuglée par mes appréhensions puis par mon chagrin. Comprends donc Amar ! C'était plus fort que moi. Je ne pensais pas réellement ce que je disais. Lorsque nous serons en France, je te promets de la traiter comme ma propre fille. -Non. Tu n'en feras rien. Meriem partira avec moi et toi tu resteras ici. Amar rentre en France avec Meriem. Houria reste au bled avec le petit Aïssa. Révoltée par le mépris qu'affichait son mari envers elle, elle se promet de se venger. Un jour, elle aura Meriem sous la main et lui fera voir de toutes les couleurs. Même la mort lui avait préféré ses deux innocentes filles. Et Amar ? Amar ne l'aimait plus. L'avait-il un jour aimée ? Il ne l'avait épousée que pour faire d'elle cette boniche dont il avait besoin pour entretenir son foyer et élever sa fille. Avec du recul, elle se rappelle qu'elle-même avait donné aussi cette impression d'être attachée à Meriem. Oui. Il le fallait d'ailleurs. Elle n'avait plus personne vers qui se retourner en cas de besoin. Il lui fallait un homme comme Amar pour la protéger et s'occuper d'elle. Elle soupire. Pourquoi devait-elle supporter les caprices de son mari ? Elle aussi pourrait le faire chanter si elle le voulait. Elle pourrait par exemple disparaître en emmenant le bébé avec elle. Mais où ira-t-elle ? Amar aura vite fait de la retrouver et de la châtier. Cette fois-ci, il la répudierait à coup sûr. Les cris du bébé la tirèrent de ses méditations. Elle se lève pour le prendre dans ses bras et l'allaiter. Aïssa prenait du poids tous les jours. Il était robuste comme son père mais elle espère qu'il ne sera pas aussi intransigeant que lui. Les filles lui ressemblaient physiquement. Surtout Ghania. Son cœur se serre. Il y'a à peine quelques jours, sa fille courait dans la maison en chantant. Elle aimait jouer avec son petit frère, et à maintes reprises elle s'était endormie près de son berceau. Houria refoule ses larmes. La mort lui avait pris Melaaz puis Ghania. Pourquoi ? Elle se rappelle qu'elle avait accusé Meriem de porter la poisse en elle. C'était le cas. Meriem est un oiseau de mauvais augure. Il faudra lui couper l'herbe sous le pied la prochaine fois. Sinon, à qui sera le tour ? Elle regarde le petit Aïssa qui tétait goulûment son sein et se met à trembler. S'il arrivait quelque chose à son fils, elle ne survivrait pas ! Quelqu'un frappe à la porte. C'était Taos qui arrivait avec son balluchon et ses deux enfants. Elle salue Houria et dépose ses affaires dans la pièce du fond avant de revenir dans la grande salle : -Alors, ils sont partis ? (À suivre) Y. H.