La France et les Etats-Unis ont scellé, mardi dernier, leurs retrouvailles, après deux ans de brouille sur la guerre en Irak, et la visite de la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, à Paris, a relancé les relations bilatérales. Mme Rice a choisi Paris, tête du front du refus de la guerre en Irak, en 2003, pour y faire un “discours de référence”, destiné à relancer les relations transatlantiques. “Il est temps de surmonter les désaccords du passé (...) d'ouvrir un nouveau chapitre dans nos relations et un nouveau chapitre dans notre alliance”, a-t-elle déclaré, à l'Institut d'études politiques de Paris. Sur un ton ouvert, amical et même chaleureux, Mme Rice a plaidé pour une coopération renforcée entre l'Europe et une Amérique ayant “tout à gagner d'une Europe forte comme partenaire dans la construction d'un monde meilleur et plus sûr”. Dans tous les dossiers évoqués (Proche-Orient, Irak, Iran, Otan), Mme Rice a plaidé pour une coopération complémentaire. Le changement de ton a été d'autant plus notable qu'il a mis un terme à deux ans de profondes détériorations des relations entre Paris et Washington, en raison de la ferme opposition de Paris à la guerre en Irak, puis de son refus de soutenir une occupation qui se prolonge. Sur l'Irak, Mme Rice a souligné que “le partenariat transatlantique doit relever le défi devant lequel nous a placé le peuple irakien”. Même ton pour le Proche-Orient, où, selon elle, les conditions de paix ont rarement été aussi favorables, avec la décision d'une trêve adoptée, avant-hier, au Sommet de Charm El-Cheikh en Egypte, après quatre ans d'hostilités entre Palestiniens et Israéliens. Mme Rice a même plaidé pour la réactivation du quartette (Onu, Etats-Unis, Russie, Union européenne), et de la “feuille de route” d'avril 2003. Plus tard, lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, elle a insisté de nouveau sur le “rôle” que les Européens avaient à jouer sur tous les dossiers chauds en cours. Le même ton amical et chaleureux a prévalu chez M. Barnier qui, souriant, s'est adressé à Mme Rice, en l'appelant familièrement “Condi” et en soulignant, lui aussi, tous les points de convergence entre Paris et Washington. Tout comme Mme Rice avait insisté sur la nécessaire coopération avec l'Europe pour “un monde meilleur et plus sûr”, M. Barnier a souligné que sur maint dossiers, notamment iranien, la France et les Européens avaient besoin “de la confiance et du soutien des Etats-Unis”. Même ton d'amitié retrouvé chez le président Jacques Chirac, qui a reçu Mme Rice, durant une heure, et exprimé le souhait d'“un dialogue constructif sur tous les grands dossiers internationaux”. En quelques heures à Paris, dans le cadre de sa première tournée internationale, la responsable de la diplomatie américaine a fait oublier les mots qu'on lui prêtait au pire moment de la brouille franco-américaine sur l'Irak : “Il faut punir la France, ignorer l'Allemagne et pardonner à la Russie.” C'est dans ce contexte, radicalement nouveau, que le président George W. Bush effectuera une tournée en Europe, du 22 au 24 février. R. I./A.