Conforté par son plébiscite à la tête du RND avec une écrasante majorité des voix des congressistes, mais aussi par sa victoire obtenue face à ses opposants déboutés par le Conseil d'Etat qui a rejeté leur requête pour annuler le congrès extraordinaire, Ahmed Ouyahia peut désormais lorgner, même en catimini, la présidentielle de 2019. Mais s'il n'a pas laissé transparaître hier des signes pouvant trahir son ambition, il a néanmoins réitéré sa fidélité sans faille au pouvoir, mais aussi au "puissant" du moment, en l'occurrence le président de la République. "Il y a quelque chose qui a été dit au début de ce congrès par conviction : on reste à côté du président de la République. Cette position doit être concrétisée sur le terrain", a affirmé hier, à Alger, Ahmed Ouyahia dans son discours de clôture du congrès devenu "ordinaire" à la faveur d'un arrangement statutaire adopté par les congressistes. Comme pour lever le moindre soupçon sur ce soutien infaillible, un geste qui peut être décrypté comme une réponse aux doutes exprimés publiquement par Amar Saâdani, patron du FLN, une motion spéciale au Président a été adoptée par le congrès. En plus de l'hommage pour "son rôle fédérateur et stabilisateur à un moment où notre pays est confronté à de multiples défis sécuritaires et économiques notamment", le RND réitère son "soutien total au président de la République et invite les dirigeants et les militants du parti à œuvrer dans cette direction, au sein des institutions locales et nationales, et auprès de la population", note la résolution. Avec un soupçon de cynisme, Ahmed Ouyahia n'a pas caché sa "fierté d'appartenir au RND" et d'être "entier au service de l'Etat que pour le militantisme". Ni les critiques qui le ciblent, encore moins celles qui visent le gouvernement qu'il soutient au demeurant ne semblent pas le désarçonner. "Nous faisons partie de la majorité au pouvoir. Le RND n'est pas dans l'opposition. Chez certains, c'est devenu un complexe d'être un parti au pouvoir. On assume notre position avec fierté", dit-il. "Si on soutient le président et l'ANP, c'est pour veiller à la sécurité et à la protection du pays. On sera à leur côté politiquement et on participera à la sensibilisation et à la mobilisation", a-t-il affirmé, par ailleurs. À l'adresse de l'opposition dont il prend soin de dire "qu'il ne cherche pas à l'insulter", le SG du RND a ironisé sur ses prédictions fatalistes et ses accusations fantaisistes. "Je vois le discours de l'opposition : elle dit où sont passés les 800 milliards de dollars, l'Etat va tomber après la chute du pétrole (...) Je ne vais pas faire de commentaires (...)", a-t-il déclaré, non sans rappeler la satisfaction de son parti d'avoir adopté la loi de finances 2016 que l'opposition avait rejetée "en faisant croire aux citoyens qu'elle allait les affamer sans pour autant présenter l'alternative". "Certains sont allés jusqu'à faire les clowns", a-t-il dit dans une allusion aux protestations faites à l'Assemblée par de nombreux partis, notamment le PT. Dans sa résolution politique, le RND a salué la "réussite de la réconciliation nationale et le retour de la paix". Il s'est dit également "disposé au dialogue" avec l'opposition, pour peu "qu'elle respecte le cadre institutionnel". À noter que le bureau politique sera désigné en juin prochain à la faveur de la première réunion du CN issu du congrès. Un CN composé de 421 membres élus dont 31% de femmes et duquel ont été "éjectés" certains ténors à l'image de l'ex-ministre, Chérif Rahmani, Ben Bouzid et Betchine. Karim Kebir