Alors que l'on redoutait un jugement expéditif de la part de la justice dans l'affaire dite El Khabar, le traitement du dossier semble finalement prendre plus de temps que prévu malgré le caractère de référé de la plainte. Depuis le fameux "on va regarder la loi pour voir si le rachat est légal ou pas", de Hamid Grine, il faut dire que beaucoup d'eau a coulé sous les ponts dans une affaire qui a réussi à remobiliser la classe politique, la société civile et les réseaux sociaux. La déclaration de Hamid Grine était-elle préméditée ? Quel rapport pourrait-il y avoir entre ses propos et la déclaration, une dizaine de jours auparavant, du secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, qui, lors de la conférence de presse sanctionnant les travaux du congrès de son parti, avait dénoncé "des lobbies des affaires" qui "veulent contrôler la scène politique notamment à travers le monopole des médias" ? Il était évident, à ce moment-là, que l'allusion s'adressait au patron de Cevital, Issad Rebrab, qui venait de racheter le groupe de presse El Khabar. Ce qui renforce le caractère prémédité du dépôt de plainte du ministère de la Communication, c'est sans aucun doute le fait que les interrogations d'Ahmed Ouyahia et de Hamid Grine, à quelques jours d'intervalle, n'étaient pas restées sans suite, avec le passage à l'acte et l'annonce des poursuites. Contestant le rachat du groupe de presse El Khabar, propriétaire notamment du journal éponyme, de la chaîne de télévision KBC et de plusieurs imprimeries, par Ness-Prod, une filiale de Cevital, le gouvernement, via le ministère de la Communication, avançait que l'opération contredit plusieurs articles de la loi sur l'information de 2012, particulièrement l'article 17. La manœuvre du ministère de la Communication n'a pas laissé indifférent le patron de Cevital qui a promis de se battre dans cette affaire. "Nous l'avons acheté en toute transparence. Du point de vue de la loi, nous n'avons aucun problème. Maintenant, est-ce qu'on va appliquer la loi dans notre pays ?" a-t-il martelé, dans une déclaration à la chaîne de télévision Berbère TV, assurant que la transaction a eu lieu "dans la transparence et la légalité absolue". La plainte déposée par le ministère de la Communication a, également, suscité la réaction de la section syndicale des travailleurs d'El Khabar qui a apporté son soutien à la direction du Groupe après avoir contesté, au début, la transaction. "Nous considérons que l'objectif des autorités de faire annuler la transaction n'est pas fondé sur le plan juridique et nous affirmons, de façon claire, que nous bénissons cette transaction pour éviter toute autre interprétation", tranchait le syndicat, dans un communiqué. Examiné par le tribunal administratif de Bir-Mourad-Raïs, le 2 mai, le dossier a été renvoyé, une première fois, au 4 mai, et une deuxième au 11 mai, avant d'être reporté, lors de l'audience d'hier, au 25 mai prochain. Le renvoi est destiné à permettre aux avocats de la partie plaignante de répondre au mémoire en réplique de la défense. H. S.