Dans l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais Hariri, au cœur du centre de Beyrouth, que son entreprise a entièrement rebâti, toutes les pistes sont ouvertes. La “piste syrienne”, évoquée par l'opposition libanaise, proche de Hariri, et que partagent, sans équivoque, plusieurs pays du Golfe ainsi que les Etats-Unis, qui on sauté sur l'occasion pour placer Damas dans leur ligne de mire, revient sans cesse en Occident. L'opposition libanaise exige le retrait total des troupes syriennes, avant les élections législatives prévues ce printemps. Pour d'autres, l'implication de la Syrie, voisine, est “douteuse”. L'objectif de l'attentat étant d'allumer un nouveau foyer d'instabilité au Liban et de l'étendre au Proche-Orient, c'est, estime d'autres analystes, le prélude à une action contre la Syrie. On sait que Bush ne porte pas dans son cœur Damas, mais de là à penser que la CIA… c'est aller vite en besogne. L'Iran n'y voit que la main d'Israël, qui se donne là une justification pour ne pas mener jusqu'au bout le processus de paix avec les Palestiniens, auquel Sharon a fini par souscrire sous la pression de Bush. Le crime peut également être signé par la guérilla islamiste irakienne, qui avertit de la sorte sur toute tentative de plaquer en Irak un modèle confessionnel à la libanaise. Les chiites, victorieux aux élections irakiennes, sont, par ailleurs, les cibles privilégiées du terrorisme islamiste. Al Qaïda, que les Américains accusent d'être derrière la déferlante terroriste en Irak, est, en effet, capable d'organiser un tel attentat. Ce ne serait plus Hariri, en tant que tel, qui était visé, mais le Liban comme exemple de cohabitation politique et confessionnelle au Proche-Orient. La France estime que seule une commission internationale peut lever les doutes et équivoques sur l'assassinat de Hariri dont les entrées à l'Elysée ne sont pas un secret. Paris travaille, du reste, activement au Conseil de sécurité de l'Onu pour l'adoption d'une déclaration sur l'intégrité territoriale du Liban, c'est-à-dire, l'application de la résolution 1559, qui demande la fin de l'ingérence syrienne au Liban. Traduit en clair, les Syriens sont, d'une façon ou d'une autre, responsables. D. B.