Alors que la série noire des attentats se poursuit, le Liban vit au rythme de l'évolution de l'enquête sur l'assassinat, en février dernier, de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri confiée à une commission de l'ONU. L'enquêteur allemand Mehlis, qui a quitté Beyrouth pour l'Europe où il doit rédiger son rapport, s'est montré très discret jusque-là sur son enquête, faisant savoir qu'il pourrait avoir besoin de plus de temps. Ses conclusions ne seraient pas prêtes avant le 15 décembre du fait des embûches de la partie syrienne. Pour le Premier ministre libanais Fouad Siniora, la publication du rapport onusien est impérative car son pays traverse une période politique délicate. Les Libanais vivent au rythme de l'enquête, leurs news regorgent chaque jour de spéculations les plus diverses, considérant le rapport onusien comme la réponse à tous leurs problèmes. Le magistrat allemand est assimilé par eux à un juge ! L'assassinat de Hariri a plongé le Liban dans une grave crise qui a conduit, deux mois plus tard, au retrait des forces syriennes de ce pays, mettant fin à une présence de trois décennies. L'enquête a permis, début septembre, de mettre en examen quatre généraux libanais qui constituaient le pivot du système sécuritaire mis en place par la Syrie pour asseoir sa tutelle sur le Liban. Depuis, de nouveaux éléments ont relancé l'enquête. La justice libanaise, qui travaille de concert avec la commission, a procédé il y a quelques jours à des interpellations lors de perquisitions aux sièges des deux sociétés de téléphonie mobile à Beyrouth. Hamadié, le ministre des Télécommunications, qui a lui-même échappé il y a un an à une tentative d'assassinat, a dévoilé l'interruption de certaines lignes téléphoniques et de communications durant la période précédant l'attentat contre Hariri. Il a aussi évoqué une opération de brouillage du dispositif électronique du convoi de Hariri juste avant l'attaque. Concernant une éventuelle piste syrienne, la commission onusienne, après avoir évoqué l'absence de coopération de Damas, est parvenue à interroger des officiers syriens des renseignements présents au Liban au moment de l'assassinat de Hariri. Mehlis s'est rendu à deux reprises à Damas, les 12 et 20 septembre, et, entre ses visites, le général Assef Chaoukat, chef des renseignements militaires syriens et beau-frère du président Bachar al-Assad, s'est rendu à Paris, chef de file de la résolution onusienne qui a établi la commission d'enquête internationale. Damas, sous le feu roulant de pressions internationales, veut éviter le pire. D. Bouatta