Elargi depuis hier à seize syndicats, lors d'une réunion tenue à Alger, le front social syndical autonome, qui regroupe désormais dix syndicats de l'éducation, quatre de la santé, un syndicat de la formation professionnelle (SNTFP) et un syndicat de Sonelgaz (Snateg), a réitéré hier ses menaces d'entreprendre, dès la rentrée sociale, des actions de protestation multiformes si le gouvernement maintient sa décision sur la retraite et continue d'ignorer les syndicats autonomes. Les syndicalistes, qui disent être exacerbés par la dernière annonce du chef du gouvernement sur la non-augmentation des salaires, s'interrogent sur cette offensive contre les acquis sociaux des travailleurs et la dégradation effrénée de leur pouvoir d'achat. La position des seize syndicats sonne ainsi comme une réponse au chef du gouvernement qui a exprimé depuis Tiaret sa détermination à réviser l'ordonnance 97-13 du 31 mai 1997, tout en avisant qu'il n'y a aura pas d'autres augmentations de salaire dans la Fonction publique. Selon Boudiba Messaoud, porte-parole du Cnapest, joint hier par téléphone, les syndicalistes se sont entendus pour saisir officiellement par écrit le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour lui faire part de leurs préoccupations, comme ils se sont engagés à demander une audience au chef du gouvernement pour avoir des explications sur ces décisions. Ils ont également décidé d'organiser des journées et des séminaires sur le système de la retraite. Outre la retraite sans condition d'âge qu'ils qualifient de "ligne rouge" à ne pas franchir, les seize syndicats ont également discuté du code de l'avant-projet du travail et du pouvoir d'achat des travailleurs. Sur le premier point, ils exigent qu'une copie du projet du nouveau code de travail leur soit remise pour pouvoir exprimer leurs avis, comme cela a été le cas pour l'UGTA, considérant qu'ils sont les plus représentatifs, notamment dans la Fonction publique, et par conséquent, leur marginalisation dans l'élaboration de ce projet et dans les discussions de la tripartite ne répond à aucune logique, précisent-ils. Abordant le pouvoir d'achat, ils ont demandé au gouvernement d'installer un observatoire pour contrôler le pouvoir d'achat des travailleurs et leur famille. Les syndicalistes n'ont pas apprécié les déclarations de non-augmentation des salaires en soulignant que les travailleurs refusent de payer à la place des responsables de cette mauvaise gestion et des mauvais choix, comme l'explique Idir Achour du CLA. "Les augmentations de salaire sont un droit, car elles sont décidées sur la base du taux de inflation et du pouvoir d'achat des travailleurs, et dans la plupart des pays du monde, elles sont automatiques", ajoute-t-il. Les syndicats ont tenu à condamner une fois de plus la politique de deux poids, deux mesures du pouvoir qui continue d'ignorer la nouvelle configuration de la carte syndicale, qui est une réalité incontestable. M. T.