Résumé : Meriem fournit des efforts surhumains pour tenir jusqu'à la fin de la fête qui ne se terminera que tard dans la nuit. Amar était content et s'allonge sur le canapé du salon. Houria lui verse un café. Elle était heureuse de l'avoir à elle seule, mais il met fin à son enthousiasme. Ne comptait-elle plus pour lui ? Il hoche la tête : -Non, Houria. Tu ne comptes plus pour moi depuis que tu as changé de comportement envers Meriem et même envers moi. -Je n'ai pas changé Amar. C'étaient les circonstances. -Quelles circonstances ? Tu veux parler de nos deux filles disparues ? Avant cela, tu n'étais déjà plus la même. Je te découvrais plutôt sous ton vrai jour. Tu as tout fait pour que je t'épouse. Tu t'es montrée affectueuse et attentionnée envers Meriem. À tel point que j'ai cru que tu étais la seule femme qui pouvait remplacer sa mère. Mais je me suis trompé. Il soupire. -Je me suis aveuglement trompé. Tu voulais un mari, et quelqu'un qui t'arracherait à ce village et à ta misérable vie. Tu as trouvé alors en moi un pigeon à déplumer. Même avec une ferme prospère et tous les biens qui t'entourent et qui auraient pu te combler, tu as continué à malmener ma pauvre fille. -Moi ? Mais tu ne sais pas ce que tu dis Amar ! Meriem s'était-elle plainte de moi un jour ? Il secoue la tête. -Non. Mais c'est là justement tout le drame. Ma fille souffre en silence. Elle n'ose pas se confier. Elle a peur de créer un énième différend entre nous. Meriem est trop mûre pour son âge. Elle préfère encaisser elle-même et laisser passer l'orage afin de préserver l'intégrité de la famille. Ah ! Comme je m'en veux de t'avoir épousée Houria ! Elle baisse les yeux, puis s'empare de la tasse vide et la remplit à nouveau avant de la tendre à son mari. -Tu n'y es pas Amar. Je t'assure que tu te fais des idées. De fausses idées. Meriem s'entend très bien avec tout le monde. -Sauf avec toi. -Nous nous entendons très bien. Ne crois pas cette sorcière de Taos qui tente de nous déstabiliser. C'est elle qui a dû te farcir le crâne et te raconter toutes ces sornettes. Amar dépose sa tasse et se redresse : -Taos ne m'a rien dit. Elle est trop discrète pour crier sur tous les toits ce qui se passe dans cette ferme. Et puis n'est-ce pas toi qui voulais l'avoir ici pour te tenir compagnie ? -Certes. Mais tout compte fait, je crois que j'ai mal fait. -Trop tard Houria. Meriem s'est attachée à elle. Elle retrouve en elle l'affection et l'amour que tu refuses de lui donner. Taos s'occupe très bien de Meriem et lui voue de tendres sentiments. Ce n'est pas elle qui va la traiter d'ogresse ! Houria sursaute : -Qui t'a encore raconté ce mensonge ? -Ce n'est pas un mensonge. Tu viens de sursauter. J'ai touché donc une vérité. J'ai maintes fois surpris Meriem en train de pleurer. Même en France, elle n'ose pas se confier à moi. Un jour, un villageois t'a entendue la traiter de tous les mots et m'en avait fait part. J'ai alors tenté de tirer les vers du nez de ma fille, mais elle a refusé de dire quoi que ce soit sur ta conduite envers elle. Houria avale sa salive, puis se met à tirer sur les fils de sa ceinture en laine : -Les gens nous épient. Ils sont jaloux de nous et radotent . Amar lui jette un regard furieux. Elle baisse les yeux. -Je t'assure Amar que... -Ne m'assure rien. Je vais réveiller Meriem et la forcer à m'avouer comment tu la traites. Elle devra jurer sur la mémoire de sa défunte mère de dire toute la vérité. Il fait mine de se lever. Houria se relève promptement et se jette à ses genoux : -Non, Amar. Ne la réveille pas. Je t'en supplie. Je t'en supplie, ne sois pas dur avec moi. Satan parfois me fait faire des choses cruelles. Mais c'est fini maintenant. Crois-moi Amar. C'est fini. Je te le jure. Je deviendrai aussi douce qu'un agneau. Oui. Je vais même embrasser les pieds de ta fille devant toi, si cela peut te rassurer. Amar se lève : -Tu es diabolique Houria. Tu joues les innocentes quand je suis au bled. Mais dès que j'ai le dos tourné, tu redeviens toi-même. Meriem en a assez de tes sarcasmes. Je vais passer quelques semaines de vacances au village, puis je vais rentrer en France avec elle. Elle devra se préparer à entamer son cycle universitaire. -Oui, oui Amar. Ta fille va rentrer avec toi. Je ferai de mon mieux pour qu'elle puisse se sentir à l'aise dans cette maison. Moi et Taos veillons toujours sur elle lorsqu'elle est parmi nous. (À suivre) Y. H.