La secrétaire générale du Parti des travailleurs estime que "le gouvernement en place est en train de séparer violemment l'Etat de sa base sociale" et affirme que "le point de rupture approche". Les militants du Parti des travailleurs (PT) n'ont pas eu droit à des vacances. Et Louisa Hanoune, qui réunissait hier les cadres du bureau de wilaya d'Alger de son parti, attribue cette situation au gouvernement qu'elle accuse de "n'accorder aucun répit aux travailleurs". Elle affirme que "les cadres et militants du PT restent en état d'alerte". Après donc le "rouleau compresseur" engagé pendant le mois de Ramadhan pour faire passer "des lois compradores et scélérates" à l'APN, Louisa Hanoune soupçonne l'Exécutif de profiter encore de la saison estivale pour prendre davantage "de mesures antisociales". C'est dans ce sens qu'elle évoquera le récent Conseil des ministres à l'issue duquel, dit-elle, "un cadeau empoisonné a été fait aux Algériens", allusion faite à l'approbation du projet de loi modifiant et complétant la loi relative à la retraite. En un mot, le projet de suppression de la retraite anticipée. Louisa Hanoune, qui trouve déjà injuste le fait qu'un travailleur ayant entamé sa carrière à l'âge de 20 ans ne pourra faire valoir son droit à la retraire qu'à l'âge de 60 ans, donc après un cumul de 40 ans de service, considère que "cette loi prépare d'autres mesures qui visent carrément à mettre fin au système de protection sociale". La patronne du PT cite, à cet effet, les déclarations "provocatrices" de certaines parties qui, affirme-t-elle, travaillent à "revoir les sources de financement des caisses de retraite et protection sociale". Selon elle, "il y a une volonté de privatiser la CNR et la Cnas", mais aussi "remettre en cause le droit des travailleurs à des congés de maladie". Ainsi, elle pense que "ceux qui sont derrière ces mesures veulent installer un capitalisme barbare en Algérie, et faire comme dans certains pays où même les congés de maternité ne sont plus un droit garanti par l'Etat". Ce pour quoi, elle considère que "se taire face à cela ouvre la voie à d'autres dérives", voire à "la remise en cause d'autres acquis sociaux", à l'avenir et peut-être même, craint-elle, au "retour à l'indigénat". L'autre dérive que Louisa Hanoune appréhende a trait au projet de loi sur le travail. Elle soupçonne d'ailleurs "une copie calquée sur la loi El Khomri" qui a fait l'objet d'une terrible levée de boucliers en France. La SG du PT puise ses soupçons d'une information parvenue à ses oreilles. Il paraît, raconte-t-elle, qu'"une délégation française en visite récemment à Alger avait demandé à des responsables locaux s'il existait dans le pays des syndicats de la taille de la CGT française qui a fait barrière à la loi El Khomri, au cas où une loi similaire serait appelée à être adoptée en Algérie". Louisa Hanoune tenait à apporter la réponse à la curiosité de ladite délégation française, en soulignant que "chaque pays a ses spécificités et, donc, sa manière et ses moyens de s'organiser pour y faire face". Pense-t-elle à la mobilisation populaire ? Elle ne l'affirme pas mais le laisse entendre. Car ce n'est certainement pas un hasard si elle enchaîne juste après pour dire "aux relais des forces impérialistes et des multinationales dans le pouvoir", que "le peuple algérien n'a pas encore dit son dernier mot", et qu'"il faut surtout compter avec lui". Louisa Hanoune, qui s'attend à "une rentrée sociale très agitée", relève que "les syndicalistes indiquent et préparent déjà le chemin pour le peuple". Elle rappelle aussi que "des milliers d'étudiants organisés n'accepteront jamais de tels dépassements". Pour elle, ceci noté, "le gouvernement en place est en train de séparer violemment l'Etat de sa base sociale" et que cela signifie que "sa fin est proche et inéluctable". Elle conclut d'ailleurs : "Le point de rupture approche. Nous n'en sommes pas loin." Mehdi Mehenni