Résumé : Taos se met à narrer à son fils la véritable version des faits qui remontaient à plus de vingt ans. Le soir où Meriem avait mis son enfant au monde, un jeune couple venait de perdre son héritier. Elle soupire et poursuit : -Comme j'avais assisté Yamina dans ses couches, je suis retourné dans l'après-midi même pour lui annoncer que si le Tout-Puissant le permettait, et que si Meriem mettait un garçon au monde, le soir même elle aura son bébé. Tu ne peux pas savoir le degré de soulagement de cette pauvre femme et de son mari, lorsque je suis revenue leur remettre l'héritier tant convoité. Pour Meriem bien sûr, j'ai dû mentir et inventer toute une histoire. Elle n'avait jamais vu son fils, et bien qu'elle fût convaincue que son bébé n'était pas mort, elle avait vite fait d'oublier toute cette histoire et de rentrer en France pour reprendre ses études. Les années sont passées, vous vous êtes mariés, et elle a eu non pas un mais deux garçons, que Dieu vous les garde. L'histoire aurait pu s'arrêter là. Hélas ! Non. Hakim qui avait écouté sa mère sans l'interrompre relève vers elle des yeux hagards : -Non ? L'histoire a une suite, maman ? -Oui, mon fils. On dirait que le hasard n'arrête pas de jouer de mauvais tours à Meriem. Hakim l'interrompt : -Ce garçon a été remis à une famille de notre village. Comment n'a-t-on jamais appris la réalité ? -Personne ne connaissait cette réalité, hormis ce couple et moi-même. Mais depuis quelques jours, il y a quelqu'un d'autre qui la connaît : M'hamed, l'enfant de Meriem. -Comment et par qui ? -Figure-toi que je donnerai ma petite fortune pour le savoir, mon fils. Elle se tait, puis reprend : -Il y a quelques jours, un jeune homme se postait à l'entrée de l'école pour malmener Kamel, ton fils. En fait, il voulait juste l'approcher dans le but de remonter la pente pour retrouver sa mère. Lorsque Meriem s'était rendue à l'école pour le rencontrer, elle en était revenue toute bouleversée. Peut-être qu'elle ne voulait pas t'alarmer en t'avouant ses émotions, mais elle s'est confiée à moi, et j'ai tout de suite compris la réalité. Pour plus d'assurance je me suis rendue chez Si Tahar et Yamina qui m'avaient confirmé que M'hamed faisait des études à l'université, et vivait ici en ville. Mais que jusqu'à preuve du contraire, il ne connaissait rien sur ses origines. Cependant, ne voulant pas brusquer les choses, je voulais encore m'assurer que le jeune homme dont me parlait Meriem était bien M'hamed. Cet après-midi, je l'ai accompagnée à l'école et... (elle déglutit et porte la main à sa gorge) Crois-moi Hakim, mon cœur a failli s'arrêter lorsque j'ai reconnu le fils de Meriem. C'était bien lui ! Hakim garde le silence quelques secondes puis demande d'une petite voix : -Que comptes-tu faire maman ? Elle soupire encore et secoue la tête : -Je ne sais pas encore. Pourtant, il faut que je prenne les devants afin de parer à toute éventualité. Meriem pourra découvrir bientôt la vérité, et j'en appréhende déjà les conséquences. Elle se lève en se tenant le dos et s'appuie à une chaise : -Mes rhumatismes se réveillent ce soir. Je crois que je ferais mieux d'aller me coucher, mon fils. Il se lève à son tour et l'aide à marcher jusqu'à la porte avant de lancer : -Tu ferais mieux de trouver rapidement une solution. Cette histoire ne me dit rien qui vaille, maman. Si ce jeune garçon est réellement le fils de Meriem, je crois qu'on ferait mieux de lui dévoiler toute la vérité. Taos hoche la tête : -J'y ai pensé, figure-toi. Cependant, je dois préparer le terrain. Une si grande révélation pourrait provoquer un choc chez ta femme. Faisons en sorte de lui éviter les conséquences qui peuvent en découler. On entendit un bruit de pas, et Hakim ouvrit la porte du salon : -Ah ! C'est toi Meriem ? Je présume que tu as terminé de faire la vaisselle et que les garçons sont déjà au lit. (À suivre) Y. H.