Au deuxième jour du procès en destitution de la présidente du Brésil Dilma Rousseff, son mentor politique Lula a été inculpé, vendredi soir, de corruption passive. La police fédérale a inculpé l'emblématique ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) pour corruption passive et blanchiment d'argent, dans le cadre du scandale de corruption autour du géant pétrolier Petrobras. Dénonçant une inculpation "politique", ses avocats ont dit ne pas accepter comme coïncidence le fait que (celle-ci survienne) en plein procès de destitution de la présidente (Rousseff) élue avec le soutien de Lula. Au Sénat, la deuxième session du procès s'est déroulée dans une ambiance électrique, avec un échange d'insultes entre sénateurs pro et anti-Dilma Rousseff qui ont failli en venir aux mains. "Je vais user de mon pouvoir de police pour exiger le respect mutuel", a menacé le président du Tribunal suprême fédéral (STF) Ricardo Lewandowski qui dirige les débats, avant de suspendre la séance à la mi-journée. L'issue du procès, attendue mardi ou mercredi, ne fait guère de doute, une nette tendance se dégageant en faveur de la destitution, qui requiert un vote des deux tiers des sénateurs, soit 54 sur 81. Dilma Rousseff, 68 ans, première femme élue à la tête du Brésil, ex-membre de la guérilla emprisonnée et torturée sous la dictature militaire (1964-1985), n'assume déjà plus ses fonctions depuis le 12 mai, quand un vote de plus des deux tiers des sénateurs l'avait suspendue. Dilma Rousseff, qui clame son innocence depuis des mois, se défendra en personne lundi devant le Sénat. Selon les experts, elle s'adressera plus à la nation pour défendre son gouvernement et son image que pour convaincre les sénateurs qui se sont déjà fait leur idée. Lula l'accompagnera pour la soutenir, même si son image a été écornée par son inculpation dans le scandale Petrobras, une affaire qui éclabousse tout autant le PT que le parti de M. Temer et la majeure partie de l'élite politique brésilienne. R. I./Agences