Résumé : Taos n'arrive plus à trouver la paix de l'âme depuis sa rencontre avec M'hamed. Ce dernier attendait beaucoup d'elle. Le jeune homme n'allait pas tarder à se pointer. Va-t-elle lui dire qu'elle n'avait encore rien pu faire ? Elle secoue la tête. Non. Il va falloir qu'il comprenne que le sujet n'était pas aussi banal qu'il le pensait. Il faudra du temps et de la patience pour préparer minutieusement le terrain et mettre Meriem au courant de cette amère réalité, sans pour autant heurter sa sensibilité. Un bruit à la porte la fera sursauter. Elle repousse sa chaise et se lève péniblement en se tenant le dos. Ses rhumatismes la torturaient encore. Si cela continue, elle demandera à Meriem de l'emmener chez le rhumatologue au plus tôt. Elle se traîne jusqu'à la porte et ouvre. M'hamed était là ! Il ébauche un sourire et se penche pour embrasser son front. -Bonjour khalti Taos. Je ne dérange pas ? -Non. Je suis seule. Tu peux entrer. Elle s'efface et le laisse passer, puis referme la porte. -Je suis un peu fatiguée ce matin. Il faut dire que depuis notre rencontre d'hier, je n'ai pas connu la quiétude. M'hamed soupire. -Désolé, khalti Taos. Je sais que je suis à l'origine de tes inquiétudes. Elle lève la main et l'interrompt. -Non. J'étais déjà préoccupée par ton cas, avant ma venue du bled. Elle hoche la tête. -J'avais déjà perdu le sommeil depuis que Meriem m'avait mise au courant d'un jeune garçon qui malmenait son fils aîné au portail de son école. Le jeune homme ouvre de grands yeux. -Elle t'a raconté ça !? -Oui, mon fils. Toi, tu n'as fait que me confirmer les détails. Confus, il baisse les yeux. -Je n'aimerais pas qu'elle ait une mauvaise opinion de moi. -Ne t'en fais pas. Elle ne connaît encore rien sur tes intentions. Mais crois-moi, lorsqu'elle découvrira tes réelles motivations, elle prendra les choses autrement. M'hamed se tait. Il n'avait rien à ajouter. Taos le contemple un moment avant de passer la main sur sa joue. - Avec l'aide de Dieu, mon fils, nous arriverons au bout de nos peines. Je vais tenter de déblayer le terrain pour en toucher un mot à ma belle-fille ce soir. Je vais devoir remonter le temps et lui rappeler ce mauvais passage dans sa vie. Je ne ferai pas ça de gaieté de cœur, mais il était écrit qu'elle doit encore faire face à d'autres voies du destin. Comment réagira-t-elle lorsqu'elle saura que son fils n'est pas mort et qu'il est juste à côté d'elle ? Elle passe la main sur sa tête. -Je jure sur tous les saints que personne ne pourra le savoir. Les réactions d'une mère blessée sont imprévisibles, mon fils. Et c'est bien ça qui me fait peur et me torture. Je n'aimerais pas voir ma Meriem sombrer dans une dépression, ou faire quelque chose qui pourrait lui porter préjudice. Elle ne mérite pas un tel sort. Et toi non plus d'ailleurs, poursuit-elle après quelques secondes d'hésitation. M'hamed ne disait rien. Il écoutait. Il était accroché aux lèvres de Taos comme si cette dernière représentait tout pour lui. C'était d'ailleurs un peu le cas car, sans elle, il ne saura jamais trouver d'issue à son cas. Va-t-il aborder Meriem et lui dire qu'elle était sa mère, et qu'il était son fils ? Il soupire, et la vieille femme le remarque. Elle repasse sa main sur sa joue et lance. -Ce n'est pas un hasard si Dieu t'a permis de surprendre la conversation de tes parents. Je pense qu'Il voulait te mettre sur la piste de la vérité. Et si c'est le cas, c'est qu'il est écrit que tu vas retrouver ta véritable maman. -Tu crois ? -J'en suis certaine. Tu peux partir en paix, mon fils. Va vers tes études et ne pense plus à rien. Je vais voir ce que je pourrais faire pour toi dans les meilleurs délais. Ne reviens plus ici. J'ai peur que quelqu'un te surprenne, en particulier les enfants qui te connaissent déjà. -Oui. Je comprends. Mais comment... (À suivre) Y. H.