Le coup d'envoi des Rencontres cinématographiques de Béjaïa (RCB), qu'organise l'association Project Heurt's, a été donné samedi dernier, à la cinémathèque de la ville, en présence d'un public nombreux et attentif. C'est le court métrage 3:30 du réalisateur libanais Hussen Ibraheem, et Kendil El Bahr (la femme méduse), un film algérien de 40 min, co-signé en 2016 par Damien Ounouri et Adila Bendimerad, qui ont ouvert, avant-hier, le bal de ces 14es rencontres cinématographiques de Béjaïa, qui s'étaleront jusqu'au 9 septembre prochain. Dans son allocution d'ouverture, le directeur des RCB et également président de l'association Project heurt's, Abdenour Hochiche, s'est d'abord félicité de voir enfin la cinémathèque de la ville des Hammadites, équipée d'un projecteur DCP (Digital cinéma package), qui permettra désormais de visionner confortablement toutes sortes de productions cinématographiques. Après avoir donné un aperçu sur le programme de ces journées dédiées au septième art, l'orateur rappellera que son association organisera du 7 au 9 septembre, la deuxième édition de "Béjaïa film Laboratoire". "Il s'agit d'une plateforme de discussion et de réflexion autour des formes de productions et de coproductions entre les pays du Nord et du Sud. Ce panel a permis aux nombreux participants de distinguer les rôles entre producteurs et coproducteurs, ainsi que l ́impact d ́une coproduction sur la distribution du film sur le plan international", a-t-il expliqué. Avant d'ajouter qu'"une douzaine de longs métrages (fiction ou documentaire), en développement ou en finition, ont été sélectionnés pour cette année. Deux bourses seront octroyées aux deux premiers films qui se distingueront lors de cette manifestation ‘Béjaïa film Laboratoire'". Il s'agit d'une aide à l'écriture, dont le lauréat bénéficiera de quatre semaines de résidence d'écriture et d'un apport financier. Et une aide à la finition qui se déclinera par la prise en charge de huit semaines de résidence de montage et d'un apport financier. Invitée à découvrir les courts-métrages projetés en ouverture de cette édition, l'assistance observera un silence religieux pendant une cinquantaine de minutes. L'œuvre de Damien Ounouri, qui a décroché le prix du jury au dernier festival du film arabe, à Oran, a, en effet, réussi à subjuguer le public béjaoui, de par son histoire à la fois émouvante, triste et magnifique. Kendil El Bahr, raconte l'histoire d'une jeune femme, prénommée Nefissa, qui se fait violentée, sur une plage, loin de son époux et des membres de sa famille, par un groupe de baigneurs, qui voulaient abuser d'elle. Leur esprit grossier et leur brutalité ont conduit la mort par noyade de la jeune femme, sous le regard complice de tous les baigneurs. Mêlant le fait divers à la fiction, le réalisateur et son équipe - composée de jeunes et dynamiques acteurs - ont réussi à donner une autre dimension au sort réservé à Nefissa. Celle-ci ressuscite sous la forme d'une femme méduse, monstre de mer qui sèmera la peur et la mort, en guise de revanche. Elle réussira ainsi à se venger de ses bourreaux, mais elle ne parviendra pas à se redonner une autre vie hors du milieu marin. "Nous avons voulu donner une continuité à l'histoire au-delà même de la mort. La femme victime de la violence humaine se voulait être capable de se venger de ceux qui l'ont arrachée à la vie, en se baignant toute seule", a expliqué Adila Bendimerad, qui jouait le rôle de Nefissa, tout en affirmant que l'histoire ne fait référence à aucune légende ou mythologie. "Elle reflète la réalité de la société algérienne", renchérit le réalisateur devant le public, lors de la séance consacrée au débat sur le film. À noter enfin, qu'hormis le directeur de la culture de la wilaya de Béjaïa, Khellaf Righi, aucun autre responsable ou représentant des autorités centrales n'a daigné assister à cette cérémonie d'ouverture, contrairement à l'édition précédente, où l'actuel ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi, avait fait le déplacement à Béjaïa pour donner le coup d'envoi de ce rendez-vous culturel annuel. Placée sous le signe de "la générosité", cette manifestation culturelle a enregistré, cette année, plus de trois cents demandes de participation suite à l'appel à candidature lancé par les organisateurs. Ces derniers, après avoir vu tous les films envoyés par leurs réalisateurs, ont décidé de n'en retenir que 27, lesquels ont été programmés pour cette édition. Outre les projections, les RCB seront ponctuées par la tenue du "Ciné Café" et de tables rondes au Théâtre régional de Béjaïa. KAMAL OUHNIA