Au lendemain de la défaite cuisante de son parti l'Union chrétienne-démocrate (CDU), dans son propre fief, aux régionales, la chancelière allemande Angela Merkel a réaffirmé son engagement et sa volonté de poursuivre sur la même voie concernant l'accueil en masse des réfugiés et des migrants par l'Allemagne. "Nous avons encore beaucoup à faire pour regagner la confiance, le thème de l'intégration et de la reconduite des migrants qui n'ont pas d'autorisation de séjour chez nous vont jouer un rôle important", a-t-elle déclaré, en marge du sommet du G20 qui se déroule en Chine, soulignant que "le nombre des réfugiés arrivant (en Allemagne) a considérablement baissé" en 2016. Tout en reconnaissant sa responsabilité dans la défaite de son parti, dans sa circonscription à Mecklembourg-Poméranie occidentale, Mme Merkel se refuse, en effet, de céder à la pression des mouvements populistes d'extrême droite, qui ont surfé sur la vague des agressions sexuelles de Cologne, lors des fêtes de fin d'année en 2015, pour gagner en influence dans un pays qui cherche à faire face au vieillissement de sa population en accueillant davantage de migrants et de réfugiés. L'Allemagne a accueilli plus d'un million de personnes, entre migrants, réfugiés et demandeurs d'asile en 2015. Les événements de Cologne, les attentats terroristes commis par des réfugiés durant l'été 2016 ont mis mal à l'aise la chancelière allemande, son parti et leurs alliés au sein du gouvernement, sans pour autant provoquer un changement dans l'attitude de Mme Merkel. Cela a entamé la cote de popularité de la CDU qui arrive donc en troisième position aux régionales dans le Mecklembourg-Poméranie occidentale, derrière les populistes de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD). L'AfD a obtenu près de 20,8%, selon des résultats définitifs, arrivant ainsi juste derrière les sociaux-démocrates (30,6%), alors que la CDU de Mme Merkel comptabilise 19%, une première dans de telles élections régionales. Le débat national sur l'intégration des réfugiés a éclipsé les enjeux locaux et les alliés bavarois (CSU) de la dirigeante allemande, en opposition frontale depuis des mois sur sa politique d'immigration, sont repartis du coup à l'assaut. Ils réclament plus que jamais "un plafond" annuel de réfugiés autorisés à venir en Allemagne, qu'a à nouveau refusé la CDU. La presse tire, elle, la sonnette d'alarme face à la montée de la droite populiste en Allemagne, un phénomène d'une ampleur inconnue depuis 1945. "C'était plus qu'une petite élection régionale, c'était une élection sur Merkel : une tempête protestataire dans le Nord-Est a emporté la CDU qui a glissé derrière l'AfD. Une débâcle pour la chancelière", estime l'hebdomadaire de référence Der Spiegel sur son site. Le quotidien le plus lu du pays, Bild, s'interroge, lui, sur le nombre de "gifles que Merkel peut encore supporter". L'AfD est désormais représentée dans 9 des 16 parlements régionaux trois ans après sa fondation. Le parti a bousculé le jeu politique avec un discours antimigrants, mais aussi par son rejet du bipartisme et des élites conservatrices et sociales-démocrates qui alternent ou se partagent le pouvoir depuis 70 ans. Lyès Menacer/Agences