Le budget alloué au secteur de l'eau depuis près de vingt ans s'élève à 50 milliards de dollars. C'est ce qu'a annoncé, avant-hier, Abdelkader Ouali, ministre des Ressources en eau et de l'Environnement, à l'ouverture d'une rencontre des cadres du secteur. Selon le ministre, ce budget a permis la mobilisation de la ressource, mais au-delà, il a appelé à la mobilisation des 50 000 travailleurs du secteur pour la gestion et la préservation de cette ressource. "La nouvelle bataille de l'Algérie est celle de la préservation et la gestion de l'eau", a dit le ministre, soulignant que celle de la mobilisation est gagnée. Le ministre a insisté, par ailleurs, sur la nécessité de combattre le branchement illicite et les fuites d'eau pour préserver la ressource, indiquant que les 3,6 milliards de m3 d'eau destinés annuellement à l'alimentation en eau potable (AEP) n'arrivent pas entièrement aux consommateurs, en raison des fuites et des déperditions. En matière de branchement illicite, il a été recensé depuis six mois 13 000 cas, ce qui représente l'équivalent de deux millions de m3, selon M. Ouali, qui appelle les cadres et agents du secteur à se mobiliser contre le phénomène du vol et des déperditions. M. Ouali a cité le cas de projets stratégiques d'alimentation des populations en eau potable qui sont, soit à l'arrêt, soit non exécutés sans que les responsables locaux interviennent pour améliorer la situation. Il a appelé, à ce titre, les directeurs des ressources en eau (DRE) à s'impliquer davantage dans la gestion du service de l'eau en privilégiant la proximité. Selon un état des lieux établi par le secteur, l'Etat a consenti beaucoup d'efforts pour renforcer l'Aep des villes et localités à travers la réalisation de barrages, de système de transfert d'eaux superficielles, souterraines et d'eau de dessalement ainsi que la réhabilitation des réseaux d'alimentation en eau potable des grandes villes. Sur un autre volet, le ministre a regretté le fait que "ces réalisations n'ont pas encore permis d'atteindre l'ensemble des objectifs assignés au secteur". En matière de service public de l'eau, il a été constaté la non-continuité de la distribution de l'eau et la persistance de points noirs dans la plupart des villes et localités et des lacunes dans la prise en charge des fonctions opérationnelles, notamment en matière de gestion technique, d'exploitation et de maintenance des réseaux et installations. Des insuffisances en matière d'accueil des usagers au niveau des agences commerciales ont été également relevées. Concernant l'agriculture, le ministre a indiqué que son secteur fournit actuellement 6,3 milliards de m3 à l'irrigation agricole. Cet effort devrait se poursuivre pour atteindre les objectifs d'amélioration de la production et de la productivité afin de permettre au secteur agricole de jouer son rôle de diversification de l'économie nationale. En ce qui concerne l'environnement, M. Ouali a demandé aux directeurs de wilaya de se rapprocher du mouvement associatif pour être proche du citoyen et pour mieux diagnostiquer les problèmes liés à l'environnement. Plusieurs problématiques devraient être abordées lors de ce regroupement, notamment le manque de suivi de la gestion des déchets, la prolifération des dépôts et des décharges sauvages, la récupération, le recyclage et la valorisation économique des déchets industriels, les substances et produits chimiques dangereux et le recouvrement des taxes sur l'environnement. Les travaux du regroupement ont été scindés en huit ateliers. "L'objectif n'est pas de répéter les objectifs déjà arrêtés, mais de sortir avec une feuille de route concrète portant sur l'amélioration de la gestion du service public de l'eau, le travail de proximité et la maintenance des infrastructures", a recommandé le ministre. R. N.