Les divergences qui minent les rangs du MSP sont désormais étalées en public, à l'approche d'une échéance électorale, celle des législatives de 2017. L'aile de Soltani ne lâche pas prise. Elle tente, vaille que vaille, de reprendre les rênes du parti où l'actuelle direction, menée par Abderrezak Makri, a imprimé une nouvelle orientation politique à l'ex-Hamas. La guerre entre l'aile de l'actuel président et celle de l'ancien oppose, en fait, les adeptes de l'opposition au pouvoir et les férus de la politique de l'entrisme. Si, pour le moment, Abderrezak Makri n'est nullement déstabilisé par ses opposants qui ne représentent, laisse-t-on dire, qu'à peine 5% du Conseil consultatif du parti, il n'en demeure pas moins que l'agitation risque de peser sur l'équilibre interne au sein de cette formation dans l'avenir. Selon Abderrahmane Saïdi, membre de ce Conseil et proche de Soltani, "le Mouvement ne doit pas être otage d'une seule alternative politique". Allusion au projet de transition démocratique que défendent les partis et personnalités de l'opposition réunis au sein de l'Icso et de la CLTD. Une organisation qui "tourne en rond", selon notre interlocuteur. M. Saïdi estime que "les choses doivent évoluer au sein du MSP". Il préconise "une lecture" et "un débat" autour de "l'approche politique proposée, en novembre dernier, par Aboudjerra Soltani". Une proposition "qui n'a pas eu de réponse de la part des responsables du parti", déplore notre interlocuteur, même si, a-t-il rappelé, "plusieurs points d'approche ont eu l'adhésion de plusieurs responsables du parti". Cette approche, explique M. Saïdi, "est une lecture de la situation politique du pays, agrémentée d'un chapelet de propositions". En somme, dit M. Saïdi, "une feuille de route" pour l'ex-Hamas qui doit "conquérir de nouveaux espaces". Il se défend d'avoir proposé "un quelconque retour au gouvernement", mais n'exclut toutefois pas cette option. "Nous devrions modérer notre discours vis-à-vis de nos partenaires sur la scène politique et préserver nos acquis", a-t-il dit, ajoutant, à demi-mot, que l'actuelle direction serait, à l'en croire, dépassée. Il explique qu'elle a été désignée lors du dernier congrès tenu en 2013, soit en plein feu du printemps arabe. "Beaucoup de choses ont changé depuis", a-t-il encore dit, ajoutant que "le mouvement n'a jamais été un adepte d'une opposition frontale ou celui d'un courtisan du pouvoir". Interrogé sur le cas de l'ancien ministre du Commerce, El-Hachemi Djaâboub, notre interlocuteur a souligné que l'actuel vice-président du parti a remis sa démission. Une démission rejetée par le bureau national. À souligner que toutes nos tentatives de joindre Abderrezak Makri ont été vaines. Selon ses collaborateurs, il était en réunion de travail durant la journée d'hier. Mohamed Mouloudj