Le taux des projets reportés dans les régions du Sud, en raison de la chute des cours du pétrole, ne dépasse pas 3,6% de l'ensemble des programmes reportés au niveau national. Le mouvement des chômeurs du Sud qui perdure depuis plusieurs années s'est, une fois de plus, invité au débat du Conseil de la nation, jeudi dernier, à l'occasion de la séance consacrée aux questions orales des parlementaires. Et comme pour contenir la manifestation qui, sur appel du Comité pour la défense des droits des chômeurs (CDDC), est ravivée ces derniers jours à Ouargla, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El-Ghazi, n'a pas manqué l'occasion pour annoncer un projet de circulaire interministérielle, portant mesures de facilitation de recrutement et renforcement de la formation à travers l'apprentissage dans les wilayas du Sud. Selon le ministre, qui répondait à une question d'un sénateur, le projet en question serait "actuellement en consultation" au niveau des départements ministériels concernés. Le ministre, dont les propos rapportés par l'agence officielle (APS), soulignera que ce projet de circulaire serait établi par les services de son département "sur la base de ce qui a été constaté sur le terrain". M. El-Ghazi estime que la circulaire interministérielle permettra de "répondre aux exigences du développement de l'emploi à la lumière des besoins exprimés sur le marché du travail, en particulier dans les wilayas du Sud". Ceci, même si le ministre s'exalte du "progrès" réalisé par le placement économique des demandeurs d'emploi dans les wilayas du Sud, qui, selon lui, "avait dépassé les 29% durant la période 2013-2015, en passant de 38 000 placements en 2013 à 50 000 en 2015". "Nette amélioration" Une "nette amélioration" de la situation de l'emploi dans les wilayas du Sud que le ministre explique par l'application de l'instruction du Premier ministre du 11 mars 2013 relative à la gestion de l'emploi dans les wilayas du Sud. Selon le ministre, ces mesures traduisent la "volonté du gouvernement à organiser le marché du travail et d'assurer une gestion transparente en consacrant l'égalité des chances et en facilitant l'intégration des jeunes dans la vie professionnelle dans ces wilayas". La modernisation du dispositif public de l'emploi, estime le ministre, est l'une des mesures ayant permis le renforcement des agences locales de recrutement dans les wilayas du Sud. Lesquelles agences, selon lui, ont vu leur nombre passer "de 30 en 2011 à 42 en 2014, dont 12 agences implantées dans la wilaya de Ouargla", soit le plus important réseau du pays. Le ministre mise, en outre, sur d'autres dispositifs, notamment le système informatique "El-Wassit" et la nomenclature des métiers et des fonctions pour "améliorer la prise en charge des jeunes demandeurs d'emploi, d'une part, et répondre aux besoins du patronat en main-d'œuvre qualifiée, d'autre part". Concernant, par ailleurs, le soutien à la création de projets, le ministre a souligné que l'Agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes (Ansej) et la Caisse nationale d'assurance-chômage (Cnac) ont contribué, durant la période 2013-2015, au financement de "près de 20 000 microprojets, ce qui a permis la création de 46 400 postes d'emploi". Pour le ministre, si le problème de l'emploi persiste encore dans le Sud et d'autres régions du pays, c'est parce que l'instruction du Premier ministre concernant la formation de la main-d'œuvre n'aurait pas été respectée, notamment par le secteur privé. Il a, en effet, indiqué, à ce titre, que les opérations de contrôle effectuées par les services de l'inspection du Travail durant la période 2013-2015 ont fait état de "4 310 procès-verbaux d'infractions contre 1 135 organismes employeurs ayant recruté 12 115 travailleurs sans respecter la réglementation". Il a détaillé que "60% des infractions concernent le secteur privé national, 20,69% le secteur privé étranger et 12,38% le secteur public". Sellal minimise le report des projets dans le Sud Pour sa part, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a tenu à rassurer que le taux des projets reportés dans les régions du Sud, en raison de la chute des cours du pétrole, ne dépasse pas 3,6% de l'ensemble des programmes reportés au niveau national. Dans sa réponse écrite lue par Ghania Eddalia, la ministre chargée des Relations avec le Parlement, le Premier ministre a indiqué que "le taux des projets reportés au niveau de 10 wilayas du Sud a atteint, jusqu'au 31 décembre 2015, 3,6% de l'ensemble des programmes reportés au niveau national et 5,2% du plan de charge spécifique à ces wilayas". Soit, précise-t-il, 414 projets, tous types confondus, dotés d'une enveloppe estimée à 64 milliards de dinars. M. Sellal a justifié l'ajournement des projets par "la décision du plafonnement des dépenses d'équipement qui vise à préserver les équilibres financiers du pays". Le report des projets aura, souligne-t-il, touché toutes les wilayas, et la priorité est accordée à la réalisation des projets lancés ou ceux dont les études de faisabilité sont déjà finalisées. M. Sellal a tenu à rassurer que cette décision concernait "le report et non l'annulation de projets", affirmant que l'Etat "ne renoncera pas à sa politique destinée aux régions du Sud, tout en tenant compte de la situation financière du pays". Farid Abdeladim/APS