Dirigé par la metteure en scène franco-algérienne Hadda Djaber et assisté par la comédienne Meryem Medjkane, le stage théâtral Corps-voix-théâtre, qui se produit aujourd'hui à l'Institut français d'Oran, et après avoir fait des escales à Alger et Tlemcen, est une initiative créée dans le cadre du projet "Les itinérantes", porté par la compagnie Leila soleil et l'association Momkin, avec le soutien de la région PACA (Provence-Alpes-Côte d'Azur). Ce projet est né de la rencontre de plusieurs artistes euro-méditerranéennes, comme Meryem Medjkane (Algérie), la plasticienne Emilie Petit (France), la danseuse et chorégraphe Dalia Naous (Liban), ou encore la réalisatrice Camille Leprince (France). Le but de cette initiative est de porter, à travers une formation théâtrale, des ateliers, des rencontres, et un nouveau regard sur l'exil. Le stage théâtral réparti sur deux jours, est une formation approfondie sur les techniques de l'acteur, qui s'adresse à toutes les tranches d'âge et catégories confondues, comme les acteurs professionnels, les amateurs, et à toute personne désireuse de découvrir ce métier. Les premiers stages qui se sont tenus à Alger, Tlemcen et celui qui se tient en ce moment à Oran, ont rencontré "un grand succès et un réel enthousiasme auprès des participants", est-il indiqué dans le communiqué. Les stagiaires (une quinzaine), sont issus de tous les horizons professionnels. Hadda Djaber nous a confié à ce propos que son apport à ces journées de formation théâtrale est "le travail sur la partie supérieure du corps et de la voix, les bases corporelles qui permettent une meilleur appréhension du texte, des émotions et du stress". Par ailleurs, elle nous a expliqué que le choix de la pièce L'aube d'Ismaël de Mohamed Dib, qui sera interprétée par la comédienne Meryem Medjkane et le comédien Tarif Bouarrara, s'est fait en raison du parcours de l'auteur (exilé en France par l'administration coloniale en 1959), et qui est en corrélation avec le thème de cette belle initiative. "Dib a subi l'exil" a déclaré notre interlocutrice. "Ce thème est le noyau central de la pièce théâtrale que je mets en scène. Par cet acte, je veux travailler sur l'enracinement de l'être dans sa terre, de l'exil et de ses difficultés". Au vu des débuts prometteurs de ce projet, Djaber espère que ce genre de formations se développera dans le futur "car les gens sont très demandeurs, on espère qu'il y aura une suite à ce projet", a-t-elle précisé. Côté rencontres et débats, les artistes, comme Emilie Petit, Dalia Naous, Meryem Medjkane, et Camille Leprince se sont réunies dans le cadre de ce projet lourd de sens et qui fait écho à l'actualité : celui des réfugiés et de l'exil. Les intervenantes, s'interrogeront, à travers leurs échanges, sur les différentes facettes de l'exil (exil intérieur, réel choisi ou subi), et le rôle de la création artistique, qui devient le porte-voix de milliers d'exilés, mais aussi un moyen de transcendance, est-il noté dans le communiqué. Par ailleurs, la question de l'exil sera posée à travers trois territoires spécifiques, et sera explorée par les quatre jeunes femmes organisatrices ce de cet évènement. Outre les rencontres, il y aura également des espaces de laboratoires artistique et de partage de parcours de vie autour de l'exil, des ateliers de théâtre en Algérie avec des femmes (Oran/Alger/Tlemcen), des jeunes (Amizour), où sont pris en compte au travers d'un travail d'expression corporelle et vocale les notions de racines d'exil intérieur et d'émigration, des ateliers d'arts plastiques avec des femmes des quartiers Nord de Marseille où il a été question de la mémoire de l'immigration, et l'exposition "Lignes d'horizon" (Lignes de vie et cicatrices) d'Emilie Petit. Yasmine Azzouz