Les cours du brut ont atteint hier des niveaux jamais enregistrés depuis un an et le ministre saoudien de l'Energie dit espérer un baril à 60 dollars d'ici à la fin 2016. Les déclarations de hauts responsables de gros pays producteurs au sommet mondial de l'énergie qui se tient à Istanbul depuis le 9 octobre s'inscrivent dans le sillage de l'accord d'Alger qui prévoit une réduction de production à hauteur de 750 000 barils/jour des pays membres de l'organisation. Une mesure qui sera décidée lors de la réunion ordinaire de l'Opep qui se tiendra à Vienne fin novembre prochain. En effet, le président Poutine, présent à ce congrès mondial, a dissipé les doutes quant à l'alignement de la Russie à l'accord d'Alger. "La Russie est prête à se joindre aux mesures pour limiter la production de pétrole", a-t-il déclaré lors d'une allocution lors du Congrès mondial de l'énergie, émettant le vœu de voir l'Opep se joindre à cette idée en novembre. "Dans le contexte actuel, nous pensons qu'un gel ou une réduction de la production de pétrole est le seul moyen pour préserver la stabilité du marché et accélérer le rééquilibrage du marché", a-t-il ajouté. Cette déclaration a fait grimper, hier après-midi, les prix du pétrole à des niveaux jamais atteints depuis un an. En effet, le baril de la mer du Nord était coté hier à 53,50 dollars. Le ministre saoudien de l'Energie abonde dans le même sens. Ce qui a également favorisé cette hausse. Précisément, l'Arabie saoudite est favorable à une baisse de production mais sa position est plus nuancée. "Nous voyons une convergence entre l'offre et la demande. Il n'est pas impensable qu'on arrive à un baril à 60 dollars d'ici à la fin de l'année", a déclaré le ministre saoudien, Khaled al-Faleh, dans une allocution au Congrès mondial de l'énergie. Mais il a estimé que l'Opep doit faire en sorte de ne pas trop resserrer sa production afin de ne pas provoquer de choc sur le marché. Implicitement, cela veut dire que l'Arabie saoudite cible un baril à 60 dollars et qu'elle est favorable à une diminution de la production des pays de l'Opep. Mais cette baisse ne devra pas être très importante, de manière à ce que les prix du pétrole ne flambent pas et ne provoquent pas ainsi un choc pétrolier, c'est-à-dire des prix du pétrole à plus de 100 dollars. Cette convergence de points de vue entre deux gros producteurs de pétrole constitue un signal positif aux marchés. Mais tout cela devra être confirmé à l'issue de la réunion informelle entre les pays Opep et non-Opep qui se tenait hier à Istanbul en marge du sommet mondial, du moins lors de la réunion de l'Opep en novembre prochain. Les marchés attendent la progression des discussions entre Opep et les pays non-Opep, puis les détails de l'accord de l'Opep sur une réduction de production, notamment sur la répartition des quotas et sur sa faisabilité pour orienter à la hausse les prix du pétrole. À noter que la Russie produit actuellement à un rythme très élevé : plus de 11 millions de barils/jour contre 10,5 millions de barils/jour pour l'Arabie saoudite. Ces deux pays qui produisent plus de 20% de la production mondiale de brut sont très influents : le premier sur les pays non-Opep, le second sur les pays de l'Opep. S'ils joignent la parole aux actes, leur position va sans doute peser à Vienne en faveur d'une réduction de production qui aurait un effet positif sur les marchés et une remontée des prix qui atteindraient 55 à 60 dollars vers la fin de l'année. K. Remouche