La méthodologie pédagogique de Si Amar Ou Saïd Boulifa dans l'enseignement de la langue amazighe a été, avant-hier, l'objet d'une journée d'étude organisée à la maison de la culture Mouloud-Mammeri avec la participation de la direction de la culture, l'université de Tizi Ouzou, le comité des activités culturelles et artistiques ainsi que les deux associations culturelles Saïd-Boulifa du village Adeni et Issegh. Cette journée d'étude a été une occasion, et non des moindres, pour revenir sur les premiers balbutiements de l'enseignement de tamazight dont Si Amar Ou Saïd Boulifa a été incontestablement le précurseur. "Comparé aux autres ouvrages d'enseignement du berbère à l'époque, le manuel de Boulifa est d'une excellente facture car se basant simultanément sur les progressions grammaticales et sémantiques et sur les versions ou le cours de grammaire", a-t-il été convenu de souligner lors de cette rencontre. "D'ailleurs, ce sera le seul manuel à connaître une seconde édition au début du siècle", a-t-il été ajouté par les participants pour confirmer l'importance du travail de cet homme qui a consacré toute sa vie à la recherche sur la langue amazighe, en plus de l'histoire, l'archéologie et la sociologie. Les participants à cette journée d'étude n'ont pas manqué également de rappeler que Saïd Boulifa, né en 1861 à Adeni et décédé en 1931, est l'un des premiers Algériens à élaborer des méthodes d'enseignement de la langue amazighe en 1887. "Deux siècles après, ce qui est sauvegardé de ses œuvres est toujours d'actualité pour les linguistes et pédagogues. Il avait sa propre méthode d'enseignement. Boulifa créait lui-même ses propres supports didactiques", comme noté dans la fiche de présentation de l'homme et de son œuvre. Le mérite de Si Amar Ou Saïd Boulifa a été également d'avoir sauvé de la déperdition certains des textes littéraires d'une grande valeur et des poèmes du barde Si Mohand ou M'hand qu'il a eu la chance de rencontrer, a-t-il été également relevé lors de cette rencontre au cours de laquelle les organisateurs ont profité pour remettre au goût du jour les travaux pluridisciplinaires de ce chercheur qui a touché à la fois à la linguistique berbère, à la littérature berbère, à l'archéologie et à l'histoire. Parmi ses travaux intellectuels figurent le Texte berbère en dialecte de l'Atlas marocain, Une première année de langue kabyle, Un recueil de poésies kabyles, L'inscription d'Ifigha, Mémoire sur l'enseignement des indigènes de l'Algérie et le Djurdjura à travers l'histoire depuis l'antiquité jusqu'en 1830. Samir LESLOUS