Résumé : Les jeunes mariés déjeunèrent dans une auberge au bord de l'eau puis se rendirent à la plage. Racim proposera à sa femme de profiter des joies de la mer. La jeune femme lui raconte alors une vieille anecdote qui l'avait marquée dans son enfance, et lui a fait détester la natation. Elle se tut quelques secondes puis reprend. Il devine tout de suite le drame et me gronde devant tout le monde, en m'intimant l'ordre de rentrer tout de suite à la maison. Depuis, je n'eus plus le droit de remettre les pieds à la plage. Quelques jours plus tard, ma mère fera une fausse couche, et nous interrompons nos vacances. L'année suivante, malgré l'insistance de la famille, je refusais de passer mes vacances au bord de la mer. Et ce sera le cas durant de longues années. Je détestais la mer qui me rappelle toujours ce mauvais souvenir. Puis je réussis à surmonter mon traumatisme. Je pouvais m'installer sur la plage, jouer, lire. Sans pour autant me mettre dans l'eau. Tu vois. Je n'arrive pas encore à me remettre à la natation, bien que ce sport soit l'un des meilleurs pour se maintenir en forme. Racim avait suivi le récit sans interrompre sa femme. Il n'eut aucun mal aussi à deviner que sa vie n'avait pas toujours été rose. -Pauvre Narimène. Tu as dû en voir de toutes les couleurs avec tes parents. Elle hausse les épaules. -C'est normal aussi. Tous les aînés de la famille passent par ces étapes. -Non. Non. Je ne le crois pas. Je connais des aînés de famille nombreuse qui sont plutôt les plus gâtés et les moins responsabilisés. -Peut-être. Mais ce n'est sûrement pas le cas de tout le monde. -Tu persistes donc à t'estimer incapable de faire quelques brasses. -J'aimerais bien nager et m'amuser dans l'eau, mais je crains toujours que quelque chose n'arrive. Je revois tout le temps cette vague qui emportait mon jeune frère. Racim se lève et lui tend la main -Et si je commence par t'aider à surmonter ce choc ? Elle pâlit. -Non. Racim s'il te plaît. Non. Je préfère rester là sous ce parasol à lire. Va nager si cela te dit. Mais sans prendre en considération ses protestations, le jeune homme qui lui tendait toujours la main insiste. -Je n'irai pas dans l'eau tout seul. Si tu t'entêtes à refuser, je serai capable de te porter dans mes bras et te jeter dans les vagues. Alors à toi de décider. Narimène se recroqueville sur elle-même. -S'il te plaît Racim. Pas ça. Je crains toujours de me noyer. -Et que fais-je moi ici ? Tu n'as pas confiance en moi ? Tu crois que je vais te livrer aux requins alors que nous venons de convoler en justes noces ? Puis d'une voix plus douce, il poursuit : -Je n'ai pas envie de te perdre ma chérie. Tu le sais bien. Elle se détend un peu. -Je ne suis pas encore prête à affronter la grande bleue. Il fit un grand geste de sa main ! -Et pourtant, c'est tout le monde qui s'amuse dans cette grande bleue. Regarde un peu ces enfants qui jouent au ballon dans l'eau. Ils sont mignons, n'est-ce pas ? Pourquoi ne commences-tu pas par me suivre et nous verrons ensuite. Je te promets de ne pas insister si cela peut provoquer quelque malaise chez toi. Mais j'aimerais que tu essayes au moins de te débarrasser de cette phobie qui, somme toute, te gâche tes vacances depuis de longues années. Narimène hésite encore quelques secondes, puis se lève. -D'accord. Je te suis. -C'est déjà bien d'accepter de me suivre. Tu fais un grand effort, ma chérie. Il lui prend la main et l'entraîne vers la mer. Une petite brise s'était levée et jouait dans ses cheveux. Elle les relève sur le sommet de son crâne et les retient avec une élastique tout en faisant quelques petits pas dans l'eau. (À suivre) Y. H.