Le tramway est toujours à l'arrêt à Alger. La grève, déclenchée depuis mardi par les travailleurs, risque de perdurer, surtout avec les tentatives de la direction de Setram de casser l'action des grévistes, en faisant appel à des conducteurs de rames d'Oran et de Constantine. En effet, selon des grévistes, la direction vise "à briser notre action en reprenant la rotation avec des conducteurs d'Oran et de Constantine". Ces conducteurs ont, en effet, assuré le service depuis jeudi matin. Les travailleurs sont catégoriques et ne comptent pas lâcher prise. Pour eux, "la seule et unique solution à la grève est une réponse à nos doléances". Ils révèlent qu'outre les tentatives de la direction de la Setram de briser leur action, "des délégués des travailleurs sont intimidés et menacés de représailles". Contacté par téléphone, un conducteur de rames et délégué des travailleurs a dénoncé ce qu'il a appelé "la campagne de désinformation engagée par la direction à travers certains médias". Il a rappelé qu'au début de l'action, la Setram a occulté les revendications des travailleurs. Notre interlocuteur ne s'est pas contenté de répondre à la direction, il a dénoncé, par ailleurs, le ministre de tutelle, Boudjema Talaï, qui a qualifié la grève "d'illégale". Pour lui, "ce qui est illégal, c'est la sourde oreille de la direction de la Setram et ses promesses non tenues", a-t-il tenu à dire, ajoutant, toujours en réponse au ministre des Transports et des Travaux publics que "l'illégalité est d'abord les conditions insupportables dans lesquelles nous travaillons et le salaire misérable que nous percevons". Il a rappelé que les revendications soulevées par les travailleurs attendent une réponse depuis plusieurs années. Il a souligné que "le ministre ferait mieux d'intervenir pour trouver une solution sans parti pris". Sur un autre volet, la direction a souligné, dans un communiqué repris par l'APS, qu'"une convention collective répondant à une série de revendications, dont la grille des salaires, sera signée le 31 octobre prochain". Le DG de la Setram a ajouté que la convention collective, qui sera présentée à la fin du mois en cours, "prévoit une grille des salaires au profit des travailleurs", soulignant que cette grille des salaires "fait actuellement l'objet de négociations entre l'administration et les représentants des travailleurs". Cette même grille permettra de "revaloriser les salaires de l'ensemble des travailleurs de la société (8 000 dans la wilaya d'Alger) à hauteur de 10% à 16% pour les conducteurs sous réserve de l'augmentation de leurs heures de travail pour les porter à 5 heures 45 minutes contre moins de 5 heures actuellement". Il a fait savoir que la justice avait été saisie pour constater l'illégalité de la grève, précisant que des mises en demeure avaient été adressées aux grévistes les sommant de rejoindre leur poste, faute de quoi des mesures disciplinaires, pouvant aller jusqu'au licenciement, seraient prises à leur encontre. Le responsable a affirmé que "la Setram ne négocie pas actuellement avec les grévistes, mais elle est à l'écoute de leurs préoccupations et revendications", estimant que cette grève est "illégale" étant observée sans préavis. Mohamed Mouloudj