Jeudi, au troisième jour de la grève des travailleurs du tramway d'Alger, le directeur général de la Société d'exploitation des tramways (SETRAM) d'Alger a annoncé aux travailleurs qu'une convention collective répondant à une série de revendications, dont la grille des salaires, sera présentée le 31 octobre prochain. La convention collective qui sera présentée le 31 octobre prochain «prévoit une grille des salaires au profit des travailleurs de la SETRAM», a précisé le responsable dans une déclaration à l'APS, soulignant que cette grille des salaires «fait actuellement l'objet de négociations entre l'administration et les représentants des travailleurs». La grille salariale devrait permettre de revaloriser les salaires de l'ensemble des travailleurs de la société (8000 dans la wilaya d'Alger) «à hauteur de 10% et de 16% pour les conducteurs sous réserve de l'augmentation de leurs heures de travail pour les porter à 5 heures 45 minutes contre moins de 5 heures actuellement», a précisé le responsable. Le DG de la SETRAM a appelé les travailleurs à rejoindre leurs postes sans condition car, a-t-il dit, précisant «le 31 octobre est pour bientôt». Il a fait savoir que la justice avait été saisie pour constater l'illégalité de la grève, précisant que des mises en demeure avaient été envoyées aux grévistes les sommant de rejoindre leurs postes, faute de quoi des mesures disciplinaires pouvant aller jusqu'au licenciement seraient prises à leur encontre. Des mises en demeure Le responsable a affirmé que la «SETRAM ne négocie pas actuellement avec les grévistes, mais elle est à l'écoute de leurs préoccupations et revendications», estimant que cette grève est «illégale» étant observée sans préavis. Pour la SETRAM, «les meneurs de ce mouvement agissent pour des desseins personnels et non au service du collectif» et «font fi» des efforts déployés par la Direction générale pour assurer le bien-être à tout son personnel et lui permettre d'évoluer dans les meilleures conditions. La société rappelle dans un communiqué que pour le seul premier semestre 2016, 32% des salariés ont bénéficié d'une formation, privilégiant ainsi, depuis les trois dernières années, la promotion interne au recrutement. Selon la même source, les travailleurs «bénéficient d'une large batterie d'avantages sociaux tels que les prêts pour achat de logements AADL (63%) ou encore la prime des fêtes religieuses qui touche l'ensemble du personnel (100%)». Les grévistes ont soulevé une série de revendications, notamment la signature de la convention collective en cours de négociations, selon eux, depuis trois ans. Le représentant des grévistes, Abdennour Madani, a rappelé les principales revendications des travailleurs, dont la révision de la grille des salaires et la garantie de leur sécurité à bord des rames du tramway, indiquant que depuis la création de l'entreprise en 2012 les mêmes revendications ont été soulevées et qui sont «restées sans suite jusqu'à ce jour». «Actuellement, les travailleurs de la SETRAM n'ont pas de section syndicale qui protège leurs droits», ajoute le représentant des travailleurs, indiquant par ailleurs que plusieurs travailleurs ont été victimes de licenciements «arbitraires» et que leur réintégration dans leurs postes figure parmi les revendications des grévistes. Réaffirmant la détermination des travailleurs à poursuivre la grève jusqu'à satisfaction de leurs revendications, M. Madani a appelé à la «révision des statuts de l'entreprise» qui, selon lui, ne «servent pas les intérêts des travailleurs, et à l'amélioration des conditions de travail». Le trafic sur la ligne du tramway d'Alger avait repris progressivement jeudi matin après l'envoi de conducteurs de rames de tramway d'Oran et de Constantine pour remplacer les grévistes et assurer le service minimum. La SETRAM informe ses usagers qu'elle mettra pendant le week-end (vendredi et samedi) un service minimum de 8h à 19h, a précisé la société dans un communiqué. La partie de la ligne entre les stations de Ruisseau et Mimouni Hamoud sera exploitée par le tramway, alors que la partie entre les stations Mimouni Hamoud et Dergana le sera par des bus de l'ETUSA, précise la même source. Revendications «illogiques» Le ministre des Travaux publics et des Transports, Boudjemaa Talai, a déclaré jeudi à Tipasa, en marge de la signature, au pôle universitaire de Koléa, d'une convention de partenariat entre la société générale maritime et l'école supérieure de commerce, que «les travailleurs du tramway n'ont pas respecté la procédure légale notamment concernant le dépôt d'un préavis de grève, même s'il s'agit d'un droit garanti par la loi». En outre, il a qualifié d'»illogiques» certaines revendications des travailleurs grévistes, à l'instar de la «réduction des heures de travail à quatre heures», soulignant que son ministère prendra «toutes les mesures légales nécessaires pour mettre un terme à ce mouvement de protestation» sans pour autant donner plus de détails à ce sujet.