Résumé : Amel est subjuguée par la beauté nocturne de Constantine. Ramzi lui conseille de faire une virée au niveau des anciens quartiers de la ville qui cachent des trésors d'art et un savoir millénaire. Ils arrivèrent enfin chez la sœur de ce dernier. La jeune fille est embarrassée par le regard moqueur du jeune homme. Ce dernier l'agrippe par le bras pour lui présenter le reste de la famille. - Ma sœur Manel... Une belle femme blonde aux yeux clairs et aux cheveux bouclés se lève pour la saluer : - Ma mère n'a cessé de parler de vous. Vous êtes vraiment charmante. - Et vous très belle... - Merci, merci d'être venue. - Euh... je vous présente tous mes vœux pour le nouveau-né. - C'est une fille. On l'a prénommée Amel. - Comme moi ! - Eh oui ! Une belle coïncidence en somme... On lui présente le reste de la famille. Mustapha, le mari de Manel, et son fils aîné, le petit Nazim. Amel trouve tout ce monde fort sympa, et se sent tout de suite à l'aise avec Nazim, qui n'hésite pas une seconde pour monter sur ses genoux et s'y installer confortablement. -Il ne fait pas ça souvent, dit Manel en regardant son petit garçon aux belles boucles dorées. - Il a tout de suite apprivoisé Amel, dit Ramzi, avant de rajouter, après un léger coup d'œil à cette dernière : comme nous tous. Amel sentit encore une fois la gêne la gagner. Pourquoi s'amuse-t-il donc à la taquiner ainsi et à la mettre mal à l'aise sans arrêt. - C'est une brave fille, renchérit la vieille dame. Les enfants ne vont pas chez n'importe qui, ils ont un instinct qui ne trompe pas. - Peut-être. Mais Amel n'est pas une fille comme toutes les autres. Elle est ce qu'on pourrait appeler une espèce en voie de disparition. À ces mots, Amel sentit son sang bouillir. Elle regarde tout droit son tortionnaire dans les yeux, et Ramzi met une main sur sa bouche avant de s'esquiver. Manel se lève et le suit. Elle revint tout de suite après avec un plateau de boissons fraîches. - Le dîner sera prêt dans quelques minutes, en attendant prenez une boisson. Amel accepte le verre de jus, et la vieille dame change de place pour se mettre à côté d'elle. - La journée a été bonne pour toi ? - Oui, assez bonne. J'ai travaillé jusqu'à une heure tardive. Je venais pratiquement de rentrer quand Ramzi est venu me récupérer. - J'espère que tu ne m'en veux pas, Amel. Comme toutes les mamans, je suis soucieuse de toutes les jeunes filles ou même des jeunes hommes que je rencontre sur mon chemin. Et particulièrement des filles comme vous qui doivent se déplacer et dormir dans des hôtels, avec toute l'insécurité qui règne de nos jours. - Merci, merci infiniment d'avoir pensé à moi. Tout le monde est tellement gentil avec moi que je ne sais plus quoi dire. - Elle est comme ça Faïza. Elle s'occupe même d'un grand garçon comme moi, qui pourtant gère tout un équipage volant et pilote un engin très lourd. C'était Ramzi qui avait repris ses taquineries. Un verre de jus à la main, il était revenu au salon et faisait les grands pas devant la bibliothèque. - Viens donc t'asseoir, Ramzi, intervint pour la première fois Mustapha, son beau-frère qui jusque-là avait suivi la scène silencieusement. Obéissant au doigt et à l'œil, Ramzi vint s'asseoir à côté de son beau-frère, sans pour autant quitter des yeux Amel. - Faïza, c'est ma mère, précise t-il. Je l'appelle par son prénom, puisqu'elle-même m'appelle Ramzi. Tout le monde rit. - Non, dis la vérité Ramzi, dis la vérité, clame sa maman. - Eh bien, quand j'étais petit, j'entendais mon père appeler ma mère par son prénom "Faïza". J'ai ainsi suivi son exemple. Un jour mon père me sermonne et me demande de l'appeler maman. Je lui ai alors rétorqué de faire de même. Il a essayé, mais il oubliait souvent ce détail et revenait toujours à Faïza. Alors j'ai continué moi aussi à l'appeler ainsi. C'est devenu une sorte de jeu entre nous. C'était à qui prononcerait le premier "maman" ou "Faïza" pour que l'autre suive. Nous sommes devenus de véritables complices, et ma maman dans tout ça était la seule victime. Bien sûr, avec l'âge, j'ai appris à l'appeler maman, mais il m'arrive aussi de l'appeler souvent par son prénom : Faïza. (À suivre) Y. H.