"Non-événement", "Fuite en avant", "Attitude irresponsable" et "Autoritarisme" : les cadres et militants du RND, engagés dans une entreprise de redressement du parti, n'ont pas lésiné sur les vocables pour qualifier l'attitude d'Ahmed Ouyahia qui a instruit, il y a une dizaine de jours, certains bureaux de wilaya du parti les exhortant à traduire devant les commissions de discipline certains cadres déchus à l'image de Smati Zoghbi, Tayeb Zitouni, Mokhtar Boudina et Nouria Hafsi. Dans un communiqué rendu public hier et signé par 36 militants du parti dont d'anciens députés et membres du conseil national ou d'élus locaux, les redresseurs estiment que "la décision de traduire ces cadres devant les commissions de discipline est un non-événement". "C'est une fuite en avant qui risque de prolonger et d'approfondir la crise, révélant l'absence de structures au sein du parti capables d'assimiler les idées des militants et des cadres et dévoile aux militants et à l'opinion publique ‘la dictature d'opinion' et l''autoritarisme' chez la direction actuelle et sa poursuite de la politique d'exclusion et de marginalisation", écrivent-ils. Histoire de titiller l'ego du secrétaire général, en l'occurrence Ahmed Ouyahia, les redresseurs n'hésitent pas à faire le parallèle entre sa politique et celle adoptée par son frère ennemi, le FLN, notamment depuis l'avènement aux commandes de Djamel Ould Abbes. "Au moment où les autres partis s'emploient, à la veille d'échéances électorales, de réaliser la réconciliation et de rassembler, en éliminant l'exclusion à travers le dialogue (...), convaincus que les partis sont des espaces de débat contradictoires et non des administrations qui travaillent par des décisions de désignation et de radiation, la direction actuelle se précipite, en revanche, pour pondre une instruction administrative pour la tenue des commissions de discipline dont l'objectif est d'exclure des cadres fondateurs qui ont défendu les positions du parti (...) et travaillé pour enraciner la pratique démocratique dans ses structures, de nature à permettre l'émergence d'une élite capable de faire du RND un parti d'avant-garde, capable de résoudre les problèmes qui se posent à la nation". Selon les redresseurs, visiblement décidés à donner du fil à retordre à la direction qu'ils considèrent "préfabriquée, incapable de comprendre les développements et les défis", la politique, "à dessein", adoptée par Ahmed Ouyahia "visant à distraire les compétences du parti par des questions marginales, loin des questions centrales qui se posent au pays", n'obéit qu'à une seule préoccupation : "Se renouveler, comme ils l'ont fait à travers des candidatures répétées depuis maintenant deux décennies." "Tout cela nous conduit, à nouveau, en qualité de cadres ne cherchant pas le statut social ou des avantages personnels, de travailler pour consacrer au sein du parti les critères d'efficacité, d'intégrité, d'expérience, de ‘propreté' et de respect des principes de base du parti comme des instruments de sélection, en lieu et place de la médiocrité, de la cooptation, du favoritisme et du ‘négoce politico-financier'", disent-ils. Contrairement à Ouyahia qui les a accusés de se livrer à la "pression et à la surenchère", en évoquant la "dictature de la minorité", les redresseurs assurent que "le groupe des cadres, traduits devant les commissions de discipline, travaille au sein d'une équipe élargie aux militants". "Elle a demandé à corriger et à redresser la situation d'illégitimité du parti née des violations des statuts et des règles organiques du rassemblement, surtout lors du dernier congrès extraordinaire", rappellent-ils avant de réitérer leur détermination à poursuivre la lutte. "Ceux qui se sont réunis réaffirment leur solidarité avec les cadres visés par l'exclusion par l'actuelle direction et considèrent cette mesure comme une attitude irresponsable qui vise à terroriser et à intimider les militants de base (...) et réaffirment leur détermination à poursuivre la lutte, en compagnie de tous les militants exclus et expulsés des structures organiques, afin de réaliser les objectifs et les principes pour lesquels a été créé le parti", conclut le texte. K. K.