Les 1 800 étudiants de la faculté des hydrocarbures et de chimie de l'université M'hamed-Bougara de Boumerdès, qui réclament depuis plus de quatre jours des emplois, ont durci leur mouvement de protestation en décidant d'observer une grève de la faim pour se faire entendre. Les protestataires, qui avaient dressé des tentes de fortune devant le siège de l'Institut algérien de pétrole (IAP), ont passé, hier encore, la nuit à la belle étoile après avoir organisé, dans la journée, une marche qui les a conduits jusqu'au laboratoire central de Sonatrach (CRD). Sur leurs banderoles, ils ont tenu à dénoncer "la discrimination en matière de recrutement dont ils sont victimes" et exigent "l'égalité des chances dans l'accès à l'emploi". Ils demandent la révision des conditions de recrutement qui, selon eux, ne mettent pas tous les Algériens sur le même pied d'égalité. Ils avancent comme preuve ces entreprises exerçant dans le Sud qui leur exigent des résidences et des cartes bleues pour pouvoir accepter leurs demandes de recrutement. "La plupart de nos camarades ayant obtenu leurs diplômes ces deux dernières années sont au chômage du fait de cette discrimination", affirme un étudiant de Skikda qui se dit lui-même victime de cette politique de deux poids, deux mesures. Son camarade estime que plus de 400 étudiants ne pourront être recrutés que par les entreprises opérant dans le Sud étant donné que leurs profils ne correspondent pas aux besoins dans le Nord. Les manifestants soulignent "qu'il ne sert à rien de former plus de 400 étudiants par an dans plus de 15 spécialités importantes pour l'économie du pays si des étudiants avec 15/20 de moyenne et plus sont assurés d'avance de ne pas trouver d'emploi". En clair, les étudiants contestent les inégalités dans la répartition géographique des opportunités d'emploi. Ils demandent la réactivation de la convention de recrutement signée entre l'ex-INH et le ministère de l'Energie, gelée en 1998 pour des raisons inexpliquées, précisent-ils. Pour rappel, une instruction du Premier ministre datée du 11 mars 2013 relative à la gestion de l'emploi dans les wilayas du Sud invite toutes les entreprises basées dans cette région à donner la priorité aux chômeurs du Sud en matière de recrutement, précisant que le recrutement d'une main-d'œuvre hors wilaya n'est autorisé que pour les postes n'ayant pas le profil correspondant localement. Cette instruction est intervenue après la révolte des jeunes chômeurs du Sud en 2013. Cette manifestation renseigne un peu mieux sur les problèmes qui rongent encore le marché de l'emploi en Algérie où l'inadéquation entre l'emploi et la formation semble encore subsister. Selon de nombreux experts, qui se réfèrent aux statistiques de l'ONS, le taux de chômage chez les universitaires varie entre 16 et 18% en raison de cette inadéquation entre la formation et les besoins du marché de l'emploi. À cela s'ajoutent les 300 000 nouveaux demandeurs d'emploi enregistrés chaque année sur le marché du travail dont des diplômés universitaires, des jeunes issus de la formation professionnelle ou encore des jeunes en rupture scolaire. M. T.