L'attitude des capitales du Golfe intervient à peine quelques jours après la visite du Premier ministre en Arabie saoudite, suivie de celle, avant-hier, du ministre des Affaires étrangères à Doha, et au lendemain du déroulement, à Alger, du tapis rouge au prince émirati. Les travaux du quatrième sommet Afrique-Monde arabe se sont ouverts hier matin à Malabo, en Guinée équatoriale, en l'absence du Maroc et huit autres pays arabes, qui protestent contre la participation de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), ont rapporté plusieurs médias. Outre le Maroc, la Somalie du côté africain, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Qatar, le sultanat d'Oman, la Jordanie et le Yémen (dont le pouvoir est exilé à Riyad à cause de la guerre) ont refusé, du côté des pays arabes, d'y participer. Rabat s'est dit "contre la présence de l'emblème d'une identité fantoche dans la salle des réunions", faisant valoir une décision prise en 2013 autorisant seulement les pays membres des Nations unies. "Le Maroc et les huit pays arabes ont été contraints de se retirer du sommet pour ne pas cautionner le non-respect des principes de l'action arabo-africaine et ne pas être comptables devant l'histoire du renoncement aux acquis communs", souligne le ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération (Maec) dans un communiqué, relayé par la presse locale. Or, le Sahara occidental, toujours sous-occupation marocaine, ne répond pas à cette exigence, selon Rabat. Mais les pays africains estiment que la Rasd est dans son droit de participer à ce sommet, affirmant que son exclusion est "inacceptable" et une violation de la charte de l'Union africaine. Principal bailleur de fonds, avec une promesse d'un milliard de dollars de prêt à faible taux d'intérêts, le Koweït a maintenu, quant à lui, sa participation, tout comme l'Egypte d'Abdel Fatah al-Sissi qui, en ce moment, est en froid diplomatique avec l'Arabie saoudite à cause de positionnement du Caire aux côtés de Moscou concernant le conflit en Syrie. L'émir du Koweït, Cheikh Sabbah al-Ahmed, et le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, étaient déjà arrivés tôt dans la matinée d'hier, avec de fortes délégations, ont rapporté les médias des deux pays. Ce retrait du Maroc et de ses alliés du Golfe intervient dans un contexte particulier, marqué par deux événements diplomatiques majeurs : la visite du Premier ministre Abdelmalek Sellal la semaine dernière en Arabie saoudite, où il a été reçu par le roi Selmane et la venue mardi du vice-président du Conseil des ministres, ministre des Affaires de la présidence des Emirats arabes unis, Cheikh Mansour Ben Zayed Al Nahyan, à qui Alger a déroulé le tapis rouge. Ce dernier avait été reçu en effet par le président de la République Abdelaziz Bouteflika. Outre ces deux événements, à forte charge symbolique, l'Algérie a dépêché à Doha son ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, en visite officielle au Qatar, où "il s'est entretenu à Doha avec de nombreux responsables qataris autour des moyens de relancer la coopération bilatérale dans divers domaines", a rapporté l'APS. Pour rappel, une cinquantaine de pays participent à ce sommet Afrique-Monde arabe, dans un contexte économique difficile, notamment dans les pays du Golfe qui cherchent d'autres débouchés pour sortir de la dépendance à l'économie pétrolière. Lyès Menacer