Le 19 avril dernier, il est intervenu pour la dernière fois au Congrès cubain, évoquant sa mort "dans un futur proche" et appelant à respecter les "idéaux de la révolution". Fidel Castro, le dernier Comandante et icône de la révolution cubaine et des luttes anti-impérialistes, est décédé vendredi soir à l'âge de 90 ans à La Havane, marquant la fin d'une ère qu'il a marquée de son empreinte en tant que symbole des combats des peuples pour leur émancipation. L'ami de l'Algérie, qui avait tenu à se montrer tout récemment à la télévision habillé d'une tenue de sport aux couleurs de l'équipe nationale, avait été un compagnon de lutte très proche de Che Guevara. Il reste aussi une figure historique de premier plan pour les mouvements de libération à travers le monde, notamment durant les années 60 et 70. Depuis 2000, Fidel Castro souffrait de graves problèmes intestinaux qui l'avaient contraint à se retirer de la vie politique à partir de 2006 au profit de son frère cadet Raul, bien qu'il continuât à conserver un poids moral qu'il exerçait notamment à travers ses dizaines de "réflexions", qu'il publiait régulièrement dans la presse cubaine. Le 19 avril 2016, Fidel Castro est intervenu pour la dernière fois au Congrès cubain, évoquant sa mort "dans un futur proche" et appelant à respecter les "idéaux de la révolution". Ayant fait de l'éducation et du système de santé ses chevaux de bataille, le leader cubain peut, à ce titre, être, aujourd'hui, fier de son héritage pour le peuple cubain, malgré un long et drastique embargo américain. À l'annonce de la nouvelle, plusieurs chefs d'Etat et des personnalités mondialement connues ont rendu hommage à cette grande figure du XXe siècle, même si certains ont tenu à mettre en relief les atteintes aux droits de l'Homme dont le système cubain est tenu pour responsable depuis des décennies. "Sous l'ancien président Castro, Cuba a fait des avancées dans les domaines de l'éducation, de l'alphabétisation et de la santé", a assuré à la presse le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, alors que le président russe Vladimir Poutine voit en cette personnalité d'envergure internationale un "homme d'Etat émérite à juste titre considéré comme le symbole d'une époque de l'Histoire moderne du monde". Pour François Hollande, Castro "avait incarné la révolution cubaine, dans les espoirs qu'elle avait suscités puis dans les désillusions qu'elle avait provoquées". "Acteur de la Guerre froide (...) il avait su représenter pour les Cubains la fierté du rejet de la domination extérieure", a encore souligné le président français. De son côté, Mariano Rajoy, le chef du gouvernement espagnol, a mis en exergue "une stature historique" de Fidel Castro, tout en soulignant son impact pour Cuba et sa "grande influence" pour la région. Quant à la presse américaine, elle s'est montrée partagée sur la disparition de cette figure historique. Pendant que le Los Angeles Times affirmait que Castro a été une "icône révolutionnaire", le New York Times retient du Lider Maximo qu'il "a tourmenté" 11 présidents américains et "amené le monde au bord de la guerre nucléaire". Pour le Washington Post, il "a aussi été un leader répressif". Celui qui était devenu depuis le triomphe de la révolution cubaine l'ennemi numéro 1 des Etats-Unis a échappé depuis son accession au pouvoir à la Havane à quelque... 638 projets d'attentats fomentés, pour la plupart par la CIA, l'agence américaine du renseignement qui a, des décennies durant, tenté d'assassiner le père de la révolution cubaine. La réaction américaine s'est, d'ailleurs, fait attendre hier et le président Barack Obama semble avoir pris tout son temps pour s'exprimer sur le sujet, lui qui a pourtant été l'artisan de l'avènement de la période actuelle d'apaisement dans les relations entre les deux pays. "L'Histoire jugera l'impact énorme", a-t-il déclaré, soulignant, toutefois, que son administration avait "travaillé dur" pour tourner la page de plus d'un demi-siècle de discorde et de profonds désaccords politiques. Un des meilleurs hommages au Lider Maximo est venu, contre toute attente, du Premier ministre slovaque dont le pays préside actuellement l'Union européenne, qui a soutenu que "Cuba n'a jamais menacé quiconque et ne veut que vivre sa propre vie. Nombreux sont ceux qui, à tort, ont haï et continuent de haïr Cuba pour son courage". Hamid Saïdani