La majorité des syndicats du secteur de l'éducation s'accorde à dire que les récentes décisions prises par la ministre de l'Education nationale, Mme Nouria Benghabrit, concernant le bac 2017, ont pour finalité d'éviter un nouveau mouvement de protestation des lycéens. Pour les syndicalistes, la ministre a cédé à la pression des élèves qui ont brandi la menace de sortir dans la rue. Pour le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), M. Boualem Amoura, la "tutelle s'est toujours soumise aux caprices des élèves". "La ministre a pris cette décision de manière unilatérale sans consulter les partenaires sociaux. Ce sont des mesures décidées dans la précipitation", relève-t-il. M. Amoura estime que Mme Benghabrit s'est finalement rétractée. Les changements apportés par le département de l'Education dans l'organisation du baccalauréat portent atteinte, déplore le SG du Satef, à la crédibilité de cet examen. "Cela ne fait que ternir davantage le bac en Algérie", constate-t-il. Aucune des propositions suggérées par la commission d'étude pour la réorganisation du bac, qui a travaillé durant toute l'année scolaire 2016, n'a été prise en compte, selon lui. "Nous continuons, malheureusement, à naviguer à vue", regrette-t-il, avant de conclure : "À quand la fin du bricolage ?" Ce n'espas de l'avis d'Idir Achour, porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie (Cla), qui avoue que la réforme du bac en elle-même "n'a aucun sens sur les plans économique et pédagogique". "La ministre a bien fait de garder l'ancien système", souligne M. Achour qui propose d'inscrire cette réorganisation du bac dans le cadre d'une réforme globale de l'enseignement secondaire. "On ne peut pas réformer le bac en gardant le système de l'enseignement secondaire tel qu'il est actuellement", affirme-t-il. Toutefois, Idir Achour reconnaît, lui-aussi, que la ministre, en annonçant de telles décisions, a voulu surtout contenir le mécontentement des jeunes lycéens. De son côté, le Snapap (Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique) dénonce la façon avec laquelle ont été prises ces mesures. Nabil Ferguenif, chargé de la communication de la fédération de l'éducation, relevant de ce syndicat, parle d'une absence totale de stratégie dans le secteur. Ce sont des décisions prises, avoue-t-il, à la hâte. "La ministre a subi des attaques qui l'ont contrainte à changer de position", explique-t-il. Si, réellement, Mme Benghabrit veut aller loin dans ses réformes, indique M. Ferguenif, "elle doit résister aux différents mouvements et dépasser tous les écueils". Tous les pays du monde ont mis en œuvre, précise-t-il, des réformes pour leur école et ont changé leur système d'enseignement, sauf l'Algérie. Pourtant, remarque-t-il, Nouria Benghabrit était venue auparavant avec un projet d'une école moderne et progressiste. "Des sommes considérables d'argent ont été dépensées, de nombreuses conférences ont été organisées et autant de réunions tenues pour dégager une stratégie dédiée à la réforme, mais la ministre a préféré maintenir l'ancien système", dénonce, déçu, ce responsable du Snapap. "La médiocrité continue de régner en maître dans le secteur de l'éducation", conclut-il. B. K.