Résumé : Au petit matin, Khadidja retrouve son mari. Elle voulait le faire manger. Il refuse, il lui demande encore de le détacher. Il n'en était pas question, s'entend-il répondre. Son épouse devenait folle. Il n'en doutait plus maintenant. Elle quitte les lieux et le laisse ruminer sa colère. Narimène ne dormait pas encore. Malgré l'heure tardive, elle était restée allongée dans le noir attendant le retour de son mari. Keltoum par contre, fatiguée par sa journée, dormait à poings fermés dans sa chambre. La jeune femme avait fait les grands pas dans le couloir, puis à travers tout l'appartement. Son mari n'avait pas l'habitude de sortir tard, ni de trop tarder dehors, sauf exception. Et cette nuit, c'en était une. Elle n'avait bien sûr pas mordu à sa réponse lancée tout de go. Il n'était sûrement pas sorti aussi précipitamment après son coup de fil pour s'acheter des cigarettes. Et même dans ce cas, il n'aurait pas mis autant de temps pour revenir. C'est la police qui l'avait contacté. Avait-on trouvé quelque chose ? Elle ne voulait même pas penser à un cadavre. Elle repense à tout ce qui leur arrivait. Ils menaient jusque-là une vie tranquille et n'avaient jamais fait de mal à personne. Pourquoi vivaient-ils donc ce cauchemar ? Elle se lève et s'assoit sur son lit, en serrant contre elle son oreiller. Choukri venait la rejoindre lorsqu'il se réveillait dans la nuit et aimait se glisser à ses côtés dans le grand lit. Elle passe une main caressante sur la couette et soupire. Racim aura sûrement d'autres nouvelles à lui annoncer. Elle en était certaine. Elle avait essayé deux fois de le joindre sur son portable, mais il l'avait fermé. Ce qui confirme ses soupçons. La police voulait sûrement lui refiler de nouvelles informations. Elle se rallonge et tente de suivre une émission à la télé. Mais le cœur n'y était pas. Son esprit vagabondait. Elle était enceinte et attendait son second bébé. Elle passe une main sur son ventre encore plat. Une vie prenait racine en elle. La nature continuait inlassablement son œuvre. Que n'aurait-elle pas donné pour revenir en arrière et empêcher Racim de les emmener en vacances au bord de la mer. Elle était heureuse à la perspective de se détendre et d'apprécier ces quelques jours de repos près de son mari. Ils formaient un couple sans histoire et s'entendaient à merveille. Elle avait appris à le connaître et à l'aimer, et lui aussi la respectait et l'aimait. Choukri avait davantage scellé cet amour. Il était leur rayon de lumière dans la maison, et les rendait tous heureux. Elle soupire encore et jette un coup d'œil au réveil matin sur sa table de nuit. L'aube n'était pas loin. Elle tente encore de joindre son mari. En vain. Son mobile demeurait éteint. Elle bat en retraite et tente encore de se concentrer sur son émission avant de s'assoupir. Racim ouvre la porte de la chambre et la referme derrière lui. Il venait de rentrer, et comme la maison était plongée dans le noir, il avait préféré rejoindre tout bonnement Narimène. Elle dormait. La télé était encore allumée. Il l'éteint, met son pyjama et se glisse dans son lit. La jeune femme prononce quelque chose. Elle faisait un rêve. Heureux encore qu'elle se soit endormie avant son arrivée, car elle l'aurait harcelé de questions auxquelles il n'avait pas le cœur de répondre. Que va-t-il donc lui raconter ? La vérité ? Ou bien devra-t-il seulement lui apprendre qu'on venait de retrouver la bonne piste et que leur enfant était avec ce couple de sexagénaires ? Narimène s'agite et tend le bras. Elle sursaute et ouvre les yeux, avant de se redresser et d'allumer la lampe de chevet. -Racim, tu es rentré ? Il fait mine de dormir. Elle le secoue. -Racim. Racim. Ouvre les yeux. Je sais que tu ne dors pas. Elle regarde l'heure. Un quart d'heure s'était écoulé depuis qu'elle s'était rallongée. Donc son mari venait juste d'arriver. -Racim. S'il te plaît. N'ajoute pas à mon désarroi. Le jeune homme ouvre les yeux et se redresse. -Ma parole, tu es aussi tenace qu'une sangsue. Elle fait la moue. -Je sais que tu t'es rendu à la police. Y a-t-il des nouvelles de Choukri ? Il soupire. -Rien de nouveau. On m'a juste confirmé qu'il est avec ce couple de sexagénaires. -C'est pour cela qu'on t'a fait appel en pleine nuit ? -Bien sûr. J'ai demandé qu'on me mette au courant de toute nouvelle information à son sujet. Aussi minime ou insignifiante soit-elle. (À suivre) Y. H.