D'après les avocats du journaliste emprisonné, la famille de Mohamed Tamalt n'a pas demandé l'ouverture d'une enquête sur l'état de santé de ce dernier. Les avocats du journaliste freelance Mohamed Tamalt, condamné à une peine de 2 ans de prison ferme, qu'il purge depuis cinq mois à la prison de Koléa, pour «avoir diffamé et porté atteinte à la personne du Président», ont répondu hier aux déclarations du ministre de la Justice, Tayeb Louh, laissant entendre que la famille Tamalt n'a pas demandé d'ouverture d'enquête sur l'état de santé de ce dernier. Maîtres Bachir Mechri et Amine Sidhoum écrivent, dans un communiqué, que le prévenu, lors de sa comparution devant la cour d'Alger, le 9 août 2016, «avait déclaré en audience devant le procureur général et le président de chambre avoir fait l'objet d'humiliation, de violence et d'insultes de la part des gardiens de prison à Koléa, suscitant la réaction de sa défense, qui a demandé de prendre acte de ces violations, mais le parquet général n'a pas tenu compte de ces révélations». Le 17 du même mois, ajoutent les avocats, «lors d'une visite au prévenu à la prison de Koléa, ce dernier nous a été présenté sur une chaise roulante. Il était comme un tas de chair enveloppé dans des habits en raison de la détérioration de son état de santé (…). Il était inconscient et n'a pu nous reconnaître qu'après un long moment. A ce moment-là, nous avions interpellé, à travers la presse, la conscience des autorités publiques et judiciaires, pour qu'elles prennent les mesures légales et humanitaires pour sauver le journaliste emprisonné dont la santé s'est détériorée en raison de sa grève de la faim. Nous avions même proposé aux autorités nos services pour dépasser cette tragédie et éviter une mort certaine du journaliste en prison et toutes les conséquences qu'elle pourrait entraîner (…). Malheureusement, les autorités judiciaires n'ont rien fait». Poursuivant leur plaidoirie, les avocats de Tamalt rappellent que le 24 août 2016, ils ont été informés du transfert du détenu vers l'hôpital de Bab El Oued, à Alger, «alors qu'il était dans un état comateux». Vingt-quatre heures plus tard, précisent-ils, «nous avons déposé au parquet quatre demandes de visite à Tamalt, toujours en étude, nous disait-on à chaque fois. Ce qui nous a poussés à penser qu'il y avait une volonté de nous empêcher de le voir et de nous cacher la vérité». De ce fait, les avocats s'interrogent sur «la transparence promise par le ministre de la Justice» et rappellent à ce dernier la plainte pour «violence contre un détenu» déposée au tribunal de Koléa par la famille du journaliste contre «le directeur de la prison de Koléa et tous ceux que l'enquête identifiera, mais aucune procédure n'a été engagée dans ce sens. A travers les déclarations du ministre de la Justice, il s'avère que ce dernier n'a pas été informé par le directeur de l'administration pénitentiaire de la procédure en question. Nous espérons que le ministre ira jusqu'au bout de sa promesse pour une enquête transparente, afin de lever toute équivoque sur ses intentions et ses actes et de faire la lumière sur les lenteurs du parquet général qui sont en violation de la loi, qui justifient l'ouverture d'une enquête sur le refus de nous accorder le droit de visite du détenu». A signaler que le ministre de la Justice, en réponse à une question d'un député sur le transfert de Mohamed Tamalt, dans un état comateux, de la prison à l'hôpital de Bab El Oued, avait déclaré qu'«une enquête pourrait être ouverte sur cette affaire dans le cas où la famille déposait une plainte et qu'elle se fera en toute transparence», précisant qu'il ne tolérerait aucun comportement en violation de la loi.