Le phénomène de l'émigration clandestine par voie maritime a pris la courbe ascendante qui renseigne sur l'étendue d'une situation qu'il est devenu difficile de gérer. Ce sont les côtes du littoral ouest qui attirent un grand nombre de jeunes originaires d'Oran mais aussi des wilayas de l'est et du centre du pays. Dans ce contexte, les forces navales de la façade maritime Ouest ont intercepté 1712 candidats à l'émigration clandestine entre 2013 et 2016 au niveau des wilayas d'Oran, Mostaganem et Aïn Témouchent, selon une source concordante. Ainsi, 400 jeunes ont été interceptés en haute mer en 2013 ; 223 en 2014 ; 328 en 2015 et 761 autres en 2016 avec un flux de jeunes représentant une catégorie de l'Algérie profonde. Si la wilaya d'Oran détient le haut du classement en matière d'émigration clandestine, il n'empêche que les wilayas de Mostaganem et de Aïn Témouchent sont aussi convoitées par les jeunes harraga, selon une source sécuritaire. "De nombreux clandestins prennent le risque d'éviter les grands chenaux maritimes sécurisés en empruntant des couloirs de navigation peu fréquentés et dangereux à Aïn Témouchent ou Mostaganem." Selon notre interlocuteur, le phénomène de l'émigration clandestine ne touche pas que des couches sociales défavorisées. "Nous avons intercepté des dizaines de jeunes diplômés et des travailleurs qualifiés dont l'âge varie entre 20 et 35 ans avec une prépondérance des jeunes touchés par la précarité sociale." Fait malheureusement notable, les jeunes qui succombent à l'appel des sirènes sont généralement instruits et maîtrisent les technologies de communication moderne. Fini en effet le temps où les harragas se mettaient sous la férule d'un passeur pour traverser la Méditerranée. "Nous avons recensé plusieurs groupes de jeunes harragas qui ont cotisés entre eux pour acheter un pneumatique semi-rigide et un GPS", selon notre source. En tout état de cause, les jeunes harragas qui ont la chance d'être interceptés vivants par les garde-côtes algériens sont remis aux services de sécurité alors que des dizaines de candidats disparus en haute mer n'ont jamais été retrouvés. K. REGUIEG-ISSAAD