Les députés de la région échappent complètement aux pressions exercées sur les élus locaux pour les pousser à se retirer de leur poste. Alors que la question du départ des élus locaux des APC et APW de Kabylie est au centre des débats, précipitant son règlement à la suite des remous politiques qu'a suscités un tel dossier, un autre sujet non moins sensible, en l'occurrence celui lié à la situation des députés de la région, demeure en suspens. Considérés, à l'instar de leurs pairs des assemblées locales, comme des “indus élus” en raison du taux insignifiant de participation enregistré lors de ce scrutin rejeté par la population, ces députés sont, à quelque chose près, dans la même situation que les membres des APC et APW. Pourtant, cette catégorie d'élus n'est pas soumise au même traitement. En effet, les députés de la région échappent complètement aux pressions exercées sur les élus locaux, parfois issus de la même formation politique, pour les pousser à se retirer de leur poste. La révocation des “indus élus” issus des régions touchées par le rejet des élections constitue, pourtant, une des revendications des archs de Kabylie contenue dans l'accord de prise en charge des “six incidences” signé avec le gouvernement le 6 janvier 2004. Partiront ou partiront pas ? Pour Bélaid Abrika, délégué de la CADC de Tizi Ouzou qui a participé aux multiples rounds de dialogue avec l'Exécutif, “il est clair que le départ doit toucher autant les élus locaux que les députés”. “Ce sont tous des “indus élus” car ils sont frappés de la même illégitimité”, estime-t-il, indiquant que l'accord du 6 janvier 2004 préconise un même traitement à la question. Mais le contenu du document cité prête justement à équivoque. Si cet accord reprend fidèlement la revendication des archs concernant cette question, le document rapporte une position plutôt nuancée du gouvernement. Est-ce cela qui a poussé M. Ahmed Ouyahia à déclarer, lors de la conférence de presse qu'il avait animée vendredi dernier, que “la question (le retrait des élus, ndlr) ne concerne pas le Parlement car les députés ont un mandat national” ? Pourtant, le même argumentaire exposé par le Chef du gouvernement pour défendre l'option de la dissolution des assemblées locales s'applique sur le cas des élus de Kabylie à l'Assemblée nationale. En effet, M. Ouyahia avait beaucoup insisté, lors de sa rencontre avec la presse, sur les chiffres dérisoires de la participation enregistrés dans la région lors des élections locales du 10 octobre 2002. Et ces chiffres étaient encore plus infimes durant le scrutin législatif du 31 mai 2002. Il faut noter aussi qu'à travers les observations qu'il a formulées dans l'accord du 6 janvier 2004, le gouvernement Ouyahia reconnaît clairement que les conditions de déroulement des deux élections n'étaient pas à même de permettre l'expression de la volonté populaire. “Nul ne conteste que les élections de 2002 se sont déroulées à travers les wilayas de la région de Kabylie dans une atmosphère particulièrement difficile”, lit-on dans le document. Chez les responsables des partis concernés par cette question en Kabylie, la position est à l'attentisme. “Les députés ont un mandat national, ils ne peuvent pas être touchés par une décision de révocation”, affirme M. Arbouche, mouhafedh du FLN à Tizi Ouzou et néanmoins député. Pour lui, “les cas de dissolution de l'APN sont précisés par la loi, et ce sont des cas extrêmes”. Par contre, M. Mokeddem, secrétaire général du RND dans la même wilaya, préfère ne pas s'attarder sur la faisabilité ou pas de la chose. Le ton est plutôt à la discipline partisane comme cela avait été le cas pour l'annonce du retrait des élus locaux. Visiblement, le RND de Tizi Ouzou ne voudrait surtout pas décevoir le patron du parti, qui est également l'initiateur du dialogue avec les délégués des archs. “La direction du parti ne nous a pas saisis à ce sujet, mais si elle le fait, nous sommes prêts à nous retirer”, tranche M. Mokeddem qui estime que la priorité pour son parti, “c'est la stabilité et la relance économique de la région et la lutte contre le chômage et la délinquance”. H. S.