Nouveau coup dur pour le président américain sur la question irakienne, suite à la décision des Italiens de retirer leurs troupes à partir de septembre. Les trois mille soldats italiens déployés en Irak commenceront à quitter ce pays, dès septembre prochain, a annoncé Sylvio Berlusconi, mardi soir. Nonobstant les motivations, qualifiées d'électoralistes par la presse italienne, cette décision constitue un camouflet de plus pour George W. Bush. Le patron de la Maison-Blanche perd, après l'Espagne, un de ses principaux appuis en Irak, même si l'opération de retrait se fera dans une totale coordination avec la coalition. Washington s'est contenté de minimiser l'impact de la décision italienne, en prenant, notamment, le soin d'écarter tout lien entre cette annonce et l'affaire de la mort de l'agent secret italien, Nicola Calipari, sous le feu des soldats américains, à Bagdad, en tentant de sauver la journaliste Juliana Sgrena, que venait de libérer un groupe terroriste. En effet, le porte-parole de la Maison-Blanche a indiqué qu'il ne pensait pas qu'il y avait un lien entre la décision italienne et l'affaire Calipari. “Je n'ai rien entendu de tel de la part des responsables italiens”, a insisté Scott McClellan. Mieux, McClellan estime que le retrait italien “serait basé sur la capacité des forces irakiennes et du gouvernement irakien à assumer plus de responsabilité”. Pour rappel, le contingent italien, qui est le quatrième après les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Corée du Sud, est déployé sous le commandement britannique, dans la région de Nassiriyah (sud). La mort de l'agent des services secrets italiens est considérée, par les observateurs, comme la cause directe de la décision de Berlusconi, dans la perspective de regagner la confiance des électeurs italiens, avant les élections régionales du 3 et 4 avril. Le président du Conseil italien a fini par céder devant la pression de la rue, comme l'écrivait hier le quotidien romain La Repubblica : “Le fait est que, pour Berlusconi, la situation est arrivée à un point critique (...) car les sondages confirmant l'opposition des Italiens à la mission en Irak se succèdent.” Par ailleurs, les Américains sont de plus en plus nombreux à estimer que le “coût humain” de la guerre en Irak devient “inacceptable”. Ils sont désormais 70% à estimer que le coût en vies humaines américaines est “inacceptable” et ils sont nombreux à s'opposer à un conflit armé avec l'Iran ou la Corée du Nord, selon un sondage publié mardi. En mars 2003, les Américains étaient 70% à juger que la guerre était justifiée, ils ne sont plus que 45% à le penser aujourd'hui, selon l'enquête réalisée par la chaîne de télévision ABC et le quotidien Washington Post. Il s'avère donc que le renversement de tendance est lié à la mort de plus de 1 500 soldats américains, en deux ans. Quelque 57% des Américains reprochent à l'administration Bush de ne pas avoir de plan clair pour gérer la situation en Irak et 64% jugent qu'elle n'a pas de stratégie précise pour retirer une grande partie des forces américaines de ce pays. K. A.