Même ses adversaires politiques les plus virulents avaient salué comme « une décision positive » l'annonce par le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, mardi dernier, lors d'un talk-show très suivi et diffusé par la chaîne publique Rai, de procéder au retrait par étapes, à partir de septembre prochain, du contingent italien de la ville de Nassiriya (sud de l'Irak). Cette déclaration inattendue avait provoqué un véritable incident diplomatique entre l'Italie et ses alliés, car elle avait coïncidé avec la visite officielle du chef de l'Etat italien Carlo Azeglio Ciampi en Grande-Bretagne. Le chef de la diplomatie italienne, Gianfranco Fini, qui était lui aussi hôte de Sa Majesté Elizabeth II, avait été pris de court, surtout quand le Premier ministre Tony Blair avait commenté devant le Parlement de son pays qu'il y avait eu « un malentendu » avec Berlusconi. Le secrétaire d'Etat américain Condoleezza Rice, avait, elle aussi, affirmé être certaine que « toute décision que les Italiens prendront au sujet de leurs forces sera totalement coordonnée de façon à ne pas mettre en danger la mission » des alliés en Irak. Et il semble que la dame de fer de la Maison-Blanche savait de quoi elle parlait puisque, après avoir reçu un appel téléphonique du maître de la Maison-Blanche, Berlusconi est revenu curieusement sur sa propre déclaration, rectifiant le tir et expliquant que la sienne n'était pas une décision, « mais un souhait ». Les partis de l'opposition n'en espéraient pas mieux pour attaquer, à quelques semaines d'importantes élections régionales en Italie, le chef du gouvernement et l'accuser de placer la souveraineté de l'Italie entre les mains de la Maison-Blanche. Tirant à boulets rouges sur la majorité au gouvernement, l'Union, la nouvelle coalition de centre-gauche, présidée par l'ancien président de la Commission européenne Romano Prodi, a qualifié d'« amateurs » les responsables du gouvernement. Comment se fait-il que le président du Conseil annonce à la télévision le retrait des forces italiennes, alors qu'au même moment le ministre de la Défense, qui n'en savait rien, discutait au Parlement le refinancement de la mission italienne en Irak ? Cette cacophonie au sein du gouvernement italien tombe mal, surtout que la mort accidentelle d'un autre soldat italien, Salvatore Marracino, mardi, lors d'un entraînement de routine au sud de l'Irak, a ravivé la polémique sur la présence militaire italienne en Irak. Selon les sondages, trois Italiens sur quatre sont pour le retrait immédiat des soldats italiens du pays du Golfe. Rappelons que la mort sous des tirs américains, au début de mars, d'un agent des services de renseignements italiens, Nicola Calipari, lors de la fusillade qui avait visé la voiture transportant la journaliste Giuliana Sgrena, à peine libérée, a mis le gouvernement de droite dans une mauvaise position, rendant aux yeux des Italiens injustifiée l'exposition de citoyens italiens (22 sont morts en Irak depuis l'envoi du contingent italien) au risque d'une guerre qui ne dit pas son nom, par pure loyauté envers un allié, dont les soldats ouvrent le feu sur leurs propres « amis ».