L'établissement hospitalier spécialisé en psychiatrie Fernane-Hanafi de Tizi Ouzou a abrité avant-hier le 6e Congrès national de psychiatrie consacré à "La violence : aspects cliniques, psychologiques, sociaux et juridiques". La rencontre a été marquée par de nombreuses interventions dont celle du Pr S. Zeggane consacrée à l'alcool et la violence. Ce dernier soulignera que "l'association alcool-violence est évidente avec des actes de gravité différente, voire croissante selon les modalités de consommation". Le Dr W.Yakhlef a évoqué, pour sa part, lors de son intervention la violence contre les médecins, devenue un vrai phénomène social dans le milieu hospitalier. L'orateur expliquera que "généralement ces incidents sont liés à un mécontentement de la prise en charge, un refus de prescription de médicament ou d'arrêt de travail, ou parfois même un temps d'attente jugé excessif". Et d'ajouter : "Ce comportement violent envers les médecins n'est pas sans conséquences puisque certains confrères craquent, épuisés professionnellement, écœurés, finissent par tomber dans le burn out et émettent le désir de changer de vocation". Par ailleurs, le Pr B. Boulassel du CHU Nedir-Mohamed de Tizi Ouzou reviendra sur la violence à travers les activités du service de médecine légale du CHU : "Le dépistage par les soignants des victimes de violence reste d'une singulière inefficacité. Il y a un risque de fragmentation des diagnostics et des soins si l'étiologie violente est ignorée. Le développement de la victimologie clinique met en évidence la nécessité d'une prise en charge globale des victimes avec tous les intervenants du réseau médico-psychologique et socio-juridique". L'orateur relèvera encore l'absence d'une prise en charge socio-psychologique et juridique des victimes de violence alors que ce type de prise en charge est nécessaire pour la plupart des malades notamment lorsqu'ils présentent une symptomatologie non spécifique. Il soutient que "les chiffres ne reflètent pas la réalité. Des milliers de victimes souffrent en silence". Le Pr Boulassel soulignera aussi qu'une étude menée dans la wilaya de Tizi Ouzou entre 2009 et 2016 affirme que "les morts violentes représentent 64,27% des cas de décès alors que les morts naturelles représentent 31,90% des cas et 3,83% sont des morts indéterminées. Durant la même période, 408 cas de suicide ont été enregistrés (302 hommes et 106 femmes). Nous estimons l'activité thanatologique annuelle à 280 autopsies par année et nous assurons 3200 consultations en moyenne et 300 expertises par an". En dernier, le conférencier insistera sur l'urgence d'instaurer une charte des droits des victimes, l'installation d'un réseau de prise en charge des victimes sur le plan médical, juridique et social et d'adapter le cadre juridique actuel aux nouvelles réalités socio-économiques. K. Tighilt