Le ministre a indiqué que le projet de loi sera présenté à la prochaine Assemblée populaire nationale. Quelque 25 syndicats représentant les différents secteurs d'activité ont été reçus hier par le ministre du Travail, Mohamed El-Ghazi, qui leur a promis de les associer aux discussions autour de la réforme du code du travail. La rencontre a été un rendez-vous apaisé. Pour ne pas susciter de courroux et éviter que la réunion ne tourne court, le ministre du Travail a changé l'ordre du jour initial, optant pour une "rencontre sur le dialogue social" au lieu de la "journée d'information sur la retraite" à laquelle ont été conviés tous les syndicats. Après avoir écouté les interventions des syndicats qui ont, tour à tour, évoqué les entraves aux libertés syndicales notamment, le ministre du Travail a recadré l'objet de cette reprise du dialogue, en affirmant que cette "initiative n'a pas eu lieu sous la contrainte, mais qu'elle consacre un principe constitutionnel qu'est le dialogue sur lequel a toujours insisté le président de la République, en tant que garant de la Constitution". Il a relevé, aussi, qu'hormis cette rencontre où tous les avis exprimés en toute liberté et sincérité par chacun des intervenants, son département ministériel a décidé de maintenir le dialogue avec les organisations syndicales par l'entremise de l'inspecteur général du travail. Le ministre a indiqué ensuite que "l'Algérie connaît des mutations et se regarder en chiens de faïence n'est pas la solution. La solution est de créer une dynamique de dialogue, dont cette rencontre constitue l'inauguration". Cela avant de souligner que "nous avons tous un seul objectif : développer notre pays et promouvoir les droits des travailleurs". Dans ce sillage, il s'est engagé à porter les préoccupations des syndicats devant le Premier ministre. En abordant la principale revendication, à savoir la réforme du code du travail, M. El-Ghazi a souligné son engagement à faire associer les syndicats aux discussions pour l'élaboration du projet de loi "pour qu'il n'y ait pas de quiproquo ou de dysfonctionnement". Le ministre a indiqué que le projet de loi sera exposé devant la prochaine Assemblée populaire nationale (APN), précisant que jusqu'à présent, il n'a été soumis ni au conseil du gouvernement ni au Conseil des ministres. Il a reconnu que le dossier nécessite encore des discussions notamment avec les partenaires sociaux, qui, a-t-il souhaité, vont y contribuer avec une vision positive dans l'intérêt du pays. M. El-Ghazi s'est engagé à poursuivre le dialogue avec l'ensemble des syndicats et à trouver les solutions nécessaires, bien que, dit-il, ses services n'aient légalisé que 65 syndicats. Amar R. Ils ont déclaré : Meziane Mériane, Snapest : "Ce que l'on veut dire, c'est qu'il ne faut pas que le dialogue reste conjoncturel. Il y a une tripartite en vue, on réclame une participation en tant que partenaire social et non pas en tant qu'observateur, comme il nous a été proposé par le passé. Notre présence ne gêne en rien l'Ugta, on ne comprend pas pourquoi on nous exclut." Boualem Amoura, Satef : "Nous avons assisté en tant qu'intersyndicale à cette réunion. Le ministre veut dialoguer, nous prenons acte et nous espérons que cela ne soit pas un vœu pieux. Il y a les échéances électorales qui approchent, alors, nous disons qu'il ne faut pas qu'on nous utilise juste pour un apaisement, et après avril 2017, nous allons revenir à la case de départ. Nous avons demandé au ministre du Travail que ces rencontres soient régulières. Quand nous nous montrons critiques, cela ne veut pas dire que nous sommes contre l'Algérie, mais nous sommes obligés de défendre les travailleurs. Car, pour nous, les problèmes des Algériens doivent être réglés entre nous. Nous prenons acte de la présence d'un représentant du bureau international du travail, mais nous croyons beaucoup plus au dialogue interalgérien." Sadek Dziri, Unpef : "Nous réitérons notre refus total de la nouvelle loi sur la retraite. Aujourd'hui, nous continuerons notre lutte avec le même agenda défini auparavant. Mis à part la loi sur la retraite, nous sommes disposés à discuter avec le gouvernement des autres dossiers qui ne sont pas encore ouverts, notamment le code du travail, le pouvoir d'achat, etc. Cependant, si le gouvernement nous met devant le fait accompli en imposant les lois, cela nous ne l'accepterons pas. Nous ne sommes pas contre le dialogue, mais nous en réclamons un vrai. Pour nous, le dialogue commencera lorsque nous serons sollicités pour donner nos avis au sujet du code du travail et des solutions pour améliorer le pouvoir d'achat." Lyes Merabet, SNPSP : "En tant que syndicat des praticiens de la santé publique, la dernière rencontre à laquelle on a été convié au ministère du Travail, c'était en 2006, c'était pour la mise en place d'une commission de mise à jour de la nomenclature de la tarification des actes médicaux. On a été conviés à deux rencontres, puis aucune n'a été organisée par le ministre du Travail nous concernant, donc, c'est une première dans le cadre purement syndical. Le discours qui a été prononcé au nom du gouvernement, à travers le ministre du Travail, est un discours différent. Quant à la reconnaissance de notre statut de partenaire social, je pense qu'il faudrait l'arracher sur le terrain, à travers le combat de tous les jours. On est convaincu que les choses vont durer dans le sens de la protestation et de la revendication, bien que nous soyons dans cette espace de dialogue. Ce qui est positif, c'est de voir le gouvernement reconsidérer ses positions par rapport aux syndicats autonomes, en réunissant tout le monde sans exception. Aussi, concernant la loi sur la retraite, nous campons toujours sur notre position." Propos recueillis par A. R.