Le bras de fer opposant le gouvernement et l'intersyndicale sur la question de la retraite anticipée est loin de connaître son épilogue. Alors que le mouvement de grève de deux jours est reconduit pour la deuxième semaine, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, semble décidé à ne rien céder sur le sujet des retraites. Pis encore, il s'attaque aux syndicats autonomes qui ont appelé à la grève, leur reprochant d'être de «mauvaise foi», en voulant «induire l'opinion publique en erreur». «Ils disent (les syndicalistes) qu'ils n'ont pas été associés au dialogue autour du projet de loi sur la retraite. A ma connaissance, aucun article de la Constitution, ancienne ou nouvelle, n'exige du gouvernement de soumettre un projet de loi aux syndicalistes. L'Exécutif n'est comptable que devant les élus du peuple», a-t-il lancé, lors d'un point de presse tenu hier à Alger, à l'occasion du regroupement national des directeurs de wilaya de la Casnos, avant de s'attaquer directement aux syndicats autonomes en tentant de mettre à nu leur «mauvaise foi». Pour preuve, a-t-il relaté, «les syndicats de l'Education se sont réunis avec ma collègue de l'Education (Nouria Benghebrit) ainsi que des cadres du ministère du Travail. Les syndicalistes ont demandé à ce que je sois moi-même présent à la réunion. Sur la demande de ma collègue, on a convenu d'une rencontre, mais arrivé le jour J, ils n'étaient pas venus. Je vous laisse juger qui est de mauvaise foi, le gouvernement ou les syndicats». Revenant sur les motivations qui ont conduit le gouvernement à réintroduire le régime des retraites d'avant 1997, le ministre du Travail avait rappelé qu'il s'agissait d'une contrainte imposée à l'époque par le FMI. Mais l'autre argument du gouvernement pour ne pas permettre aux travailleurs de partir à la retraite avant l'âge de 60 ans s'explique, selon lui, par la situation financière difficile que traverse le pays et, surtout, la caisse des retraités, au bord de la ruine. Pour étayer ses propos, El Ghazi cite le cas de tous les pays européens et maghrébins où les travailleurs partent à la retraite à l'âge de 62, 63, voire 67 ans. L'autre «supercherie» de l'intersyndicale évoquée par le ministre concerne le code du travail. Un dossier qui «n'est même pas à l'ordre du jour», révèle-t-il, «et déjà que certains syndicalistes et politiques le critiquent». Se voulant rassurant sur cette question, il a promis que dès qu'il «sera étudié (le code du travail), on le présentera aux partenaires sociaux, à la tripartite avant de le soumettre au Conseil des ministres, puis au Parlement». En réalité, les organisations syndicales et les partis politiques, qui auraient des échos sur le contenu du futur code du travail, dénoncent des mesures en faveur du patronat et donc contraignantes pour les travailleurs. Parmi ces mesures, il y aurait l'annulation des contrats à durée indéterminée (CDI), ouvrant ainsi les portes grandes ouvertes aux licenciements et à la précarité dans le travail.