L'intersyndicale autonome a tenu une conférence de presse, hier, afin de décliner sa position à l'égard des derniers événements qu'a connus le monde du travail, notamment leur réception par le ministre du Travail. En affirmant que le principal intérêt des syndicats dans ce dialogue porte sur la plateforme de revendications qu'ils ont établie et pour laquelle ils activent, un membre de cette alliance syndicale a indiqué que la protestation du 28 janvier va dans ce sens. Il y aura aussi une rencontre de l'intersyndicale le 4 février pour décider des actions à venir et "qui risquent d'aller encore crescendo". Le coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs d'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Mériane, a rappelé, dans ce sens, que ce qui est attendu du gouvernement, "c'est l'ouverture de négociations sur la plateforme de revendications et non pas un semblant de dialogue", arguant le fait qu'"un dialogue circonscrit et en fonction des circonstances, on n'en veut pas. On veut une volonté politique, qui va dans le sens de la reconnaissance des syndicats, et cela concerne le monde du travail et n'est pas conjoncturel". "Quand les pouvoirs publics ressentent une pression politique et économique, ils reçoivent les partenaires sociaux, mais une fois dépassé ce cap, on sera encore une fois diabolisés. On refuse un dialogue de circonstances", a-t-il martelé, pour ensuite rappeler les actions de protestations prévues le 28 janvier, notamment les sit-in à travers les 4 régions choisies, à savoir Oran (Ouest), Blida (Centre), Batna (Est) et Laghouat (Sud). Se prêtant au jeu des questions-réponses, dont la première porte sur le choix d'un samedi (jour de repos) comme première journée de protestation, ce qui pouvait être interprété comme un recul, les membres de l'intersyndicale ont affirmé que ce choix a été fait en fonction des données. "On n'a pas encore préparé de grève, parce que si on fait un sit-in au milieu d'une semaine de travail, cela va être accompagné forcément d'une grève, car on ne peut pas faire un sit-in sans un arrêt de travail. Donc, pour l'instant, on retient le samedi, mais à partir du 4 février, il y aura une batterie d'actions qui va intervenir, et là, il faut s'attendre aussi à des journées de protestation et des sit-in dans la capitale", a dit, en outre, notre source. Puisque les deux chambres ont entériné le projet de la loi sur la retraite et que le texte est même publié au Journal officiel, que reste-t-il à faire aux syndicats ? À cette question, l'intersyndicale répond : "On va sévir encore avec la pétition qui est en train de circuler. Notre objectif est de récolter plus d'un million de signatures, pour démontrer au gouvernement qu'il est en déphasage avec les aspirations des travailleurs." Pour l'intersyndicale, non seulement la décision prise est en déphasage avec le monde du travail en général, mais aussi que cette même décision est anticonstitutionnelle. Et le président du syndicat d'expliquer : "Il y a un article dans la Constitution qui stipule qu'il n'y a pas de différence entre les Algériens, qu'ils soient ouvriers, fonctionnaires, cadres supérieurs ou autres. Et on constate que la décision qui est prise ne touche pas le Fonds spécial des retraites qui est un fonds dédié aux hauts cadres et ministres. Donc, il y a dans cette loi une distinction entre Algériens, d'où l'anticonstitutionnalité de cette loi." Donc, pour l'intersyndicale, le premier magistrat du pays peut la bloquer ou faire une deuxième lecture, en ajoutant qu'il s'agit là de l'objectif des signatures qui sont collectées. Notre source ajoute que "les signatures dépassent le cadre de l'intersyndicale, car, personnellement, j'ai reçu des appels de Hassi Messaoud, de la part de pétroliers qui demandent à signer cette pétition. Donc, cela va toucher tout le monde du travail pour démontrer que la décision est en déphasage avec le monde du travail". S'agissant encore des rencontres avec l'inspecteur général du ministère du Travail, les membres de l'intersyndicale ont affirmé encore que l'objectif est de "faire avancer les dossiers, notamment celui de la retraite qu'on ne lâche pas", mais aussi celui du pouvoir d'achat car il s'agit de trouver des mécanismes pour sauvegarder le pouvoir d'achat des couches vulnérables, en partant du fait que tout le monde est vulnérable. En ce sens qu'"il n'y a pas un salaire qui échappe à cette misère programmée". Il y a aussi le code du travail au sujet duquel le ministre a affirmé qu'il n'est pas encore ficelé et que les syndicats vont participer à son élaboration. Enfin, s'interrogent-ils : "Qu'est-ce qui empêche le gouvernement d'ouvrir de véritables négociations avec les partenaires sociaux ?" Amar R.