“Nous demandons aux architectes de nous restituer les lieux comme ils étaient à l'origine.” C'est en ces termes que s'est exprimé Bouabdallah Ghoulamallah, le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, aux entrepreneurs et bureaux d'études en charge de la restauration du mausolée de Sidi Abderrahmane lors de la visite qu'il a effectuée, hier, pour s'enquérir de l'avancement des travaux de restauration lancés en avril 2004. L'opération consiste à réhabiliter les petits mausolées des walis Dada, Sidi Mansour, Sidi Flih, Sidi Ouaddah et le grand mausolée de Sidi Abderrahmane. Pour les premiers mausolées cités, la restauration est à 80%, alors que le mausolée du maître d'Alger est laissé en dernier lieu en raison des visiteurs qui y viennent régulièrement. Deux bureaux d'études (Sarl Cotram et Masmoudi) de la wilaya de Tlemcen s'occupent respectivement de l'intérieur et de l'extérieur et dont le taux d'avancement des travaux a atteint 60% et 80%. À ce rythme, le mausolée de Sidi Abderrahmane sera rénové dans neuf mois. Cependant, si le mausolée et le cimetière ont bénéficié d'opérations de ravalement précédentes, il y a lieu de savoir que la restauration actuelle est inédite dans le sens où les bureaux d'études ont été instruits de respecter l'originalité des lieux. Ainsi comme a tenu à le confirmer le ministre, l'opération en cours restituera le mausolée de Sidi Abderrahmane et les suites attenantes dans leur état d'origine avec les matériaux de l'époque. “Nous ne sommes pas regardants sur les délais comme nous insistons sur la qualité de la prestation que nous voulons conforme à l'originale”, insiste M. Bouabdallah. Dans ce cadre, les chefs de projets devaient attirer l'attention du ministre sur les aléas rencontrés durant les travaux, à savoir l'existence de câbles électriques, de conduites d'eau et d'assainissement dont ils ignorent l'origine compte tenu de l'absence de plans. Même une source souterraine à rejailli au beau milieu du chantier. Elle servait probablement à alimenter les cuisines et les abattoirs qui se trouvaient à proximité. Selon un responsable du bureau d'études, elle alimentait le jardin Marengo à partir de 1832. Sur place, le ministre a recommandé d'utiliser cette source à bon escient et de faire éviter les dégradations qui pourraient en découler. Laissés à l'abandon durant plusieurs années, le mausolée et le cimetière de Sidi Abderrahmane connaîtront-ils enfin un nouveau sort ? Tout le laisse croire si l'on se réfère à la volonté qui anime les responsables à redonner le statut que mérite le saint patron d'Alger chez les Algérois. L'enveloppe financière dégagée conjointement par Sonatrach et la wilaya d'Alger est estimée à quelque 3 milliards de centimes. Né en 1384, Sidi Abderrahmane Ethaâlibi est indisociable de la ville d'Alger qu'on considère son protecteur. Né dans la vallée des Issers, une des biographies le fait descendre en droite ligne de Jaâfar Ibn Abi Thaâlibi, oncle du Prophète. Ses ancêtres, les Thaâliba, ont exercé durant des années leur autorité sur toute la Mitidja. Ses nombreux écrits (Les réalités du mysticisme, Les jardins paradisiaques des hommes vertueux, Jawâhir El-Hissan, etc.) s‘inspirent de la pensée du maître et modèle. Son message se résume ainsi : l'important n'est pas ce qu'un homme dit de sa foi, mais ce que sa foi fait accomplir. Il mourut en 1470 à l'âge de 86 ans en confiant que “le Créateur ne se révèle qu'à ceux qui l'aiment”. A. F.