"Les couleurs dans les créations artistiques africaines, de la préhistoire à nos jours", est l'intitulé de la table ronde organisée, tout récemment, par l'Office national du parc culturel de l'Ahaggar et le centre universitaire de la wilaya de Tamanrasset. La rencontre à laquelle ont pris part d'éminents chercheurs nationaux et étrangers, a été l'occasion pour mettre en relief la richesse patrimoniale des parcs culturels algériens en peintures rupestres et particulièrement en couleurs "résumant l'aspect de la diversité des cultures des hommes préhistoriques dans l'Ahaggar", souligne d'emblée Salah Amokrane, directeur du musée national Zabana d'Oran dans son intervention. L'objectif à travers cette table ronde, la seconde après celle tenue dernièrement à la Sorbonne (Paris), est aussi de "développer des approches différentes sur la question des couleurs qui ne peuvent aucunement être dissociées du patrimoine culturelle matériel et immatériel de la région", indique le directeur de l'ONPCA, Ahmed Aouali qui a insisté sur l'importance d'exploiter cet élément dans l'écriture de l'histoire et la connaissance des sociétés actuelles. M. Aouali a également mis l'accent sur la nécessité d'instaurer une tradition de collaboration entre les différents centres de recherche, appelés à jouer un rôle prépondérant au plan académique avec pour finalité de faire du parc de l'Ahaggar un centre de rayonnement international. Dans la même optique, Michèle Ballinger, spécialiste de la couleur qui officie au Centre national de la recherche scientifique de Paris a évoqué le champ de recherche qu'il faudrait s'ouvrir. "La documentation mise à notre position est relativement pauvre tant par le nombre que par la qualité des reproductions. Un bel avenir s'ouvre devant nous tant au niveau de la recherche que de la documentation pour les chercheurs confirmés, tout comme pour les étudiants. Pourquoi ne pas imaginer des sujets de recherches, des thèses ou des masters autour de la couleur et des peintres rupestres?" a-t-elle suggéré. À la question sur la possibilité de conclure des partenariats dans ce cadre, notre interlocutrice répond par l'affirmative : "Nous sommes ici pour en discuter et traiter de toutes les questions relatives à la couleur de l'Afrique à l'idée d'investir dans la continuité et de faire aboutir toutes les recommandations faites lors de cette table ronde". Pour sa part, Miguel Aleida, archéologue et directeur de Dryas Arqueologia au Portugal, a axé son intervention sur l'art préhistorique et les méthodes de documentations en 2016. Messaouda Benmessaoud conservatrice à l'ONPCA qui est pour beaucoup dans l'organisation de cet événement qui se veut un agréable voyage dans la préhistoire de cette région millénaire, a parlé de l'expression des couleurs dans le travail artistique chez les Kel Ahaggar avant de céder la tribune à Mathilde Buratti, de l'université Paris1 (Panthéon-Sorbonne) pour subjuguer l'assistance par les couleurs des bijoux féminins de cette vaste partie du Grand Sud. La rencontre a été clôturée par un atelier de couleurs auquel ont pris part tous les participants. RABAH KARECHE